Episode 7

Chapitre 4

            Ethan regarda son interlocutrice, ne sachant trop ce qu’elle pensait : elle
avait dit sa dernière réplique sur un drôle de ton. Elle tourna la tête et leur regard se croisèrent, de jolis yeux gris, ce qui était assez rare…Soudain, un flash traversa sa mémoire et il revit
la voleuse lorsqu’il l’avait agrippé…des yeux gris, des cheveux cuivrés, des traits fins…il n’arrivait pas à le croire. Se pourrait-il que sa voleuse ne soit autre qu’Oceany Antelwort
Geller ? Elle pencha légèrement la tête, d’un air inquiet.

« Ca ne va pas ? Vous êtes tout pâle, tout à coup.

– Si, ça va très bien, c’est juste que…rien. »

Il regarda derrière elle et feignit d’admirer la vue, cherchant à ne pas se trahir. Si elle découvrait qu’il savait, elle pourrait faire appel à ses
complices et ils viendraient peut-être le kidnapper, perspective qui lui glaçait le sang… même si, grâce à ça, il pouvait échapper à ses fiançailles.

L’orchestre entama un air de salsa et il eut brusquement envie de danser, mais Neve ne pouvait pas se déhancher dans son horrible robe…il se dit
alors qu’il pourrait inviter Oceany. Après tout, il valait mieux être dans ses bonnes grâces.

« Vous dansez ?

– Oh, je ne sais pas, je ne suis pas très douée, et…

– On ne refuse jamais rien au fiancé.

– Dans ce cas, c’est d’accord : allons danser. »

Il lui prit la main et l’entraîna vers la piste où se déhanchaient quelques couples. La plupart des femmes portaient des robes qui interdisaient ce
genre d’exercice, quant aux hommes, la plupart étaient trop âgés. Il constata avec joie qu’Oceany dansait beaucoup mieux qu’elle ne le prétendait et bougeait parfaitement en rythme. Etant
lui-même assez bon dans cet exercice, ils éclipsèrent rapidement les autres couples qui s’arrêtèrent pour les regarder d’un air curieux et amusé. Pendant un instant, Ethan oublia qu’il était en
train de danser avec une criminelle et prit un réel plaisir. A la fin, il la renversa et tout le monde applaudit, charmé. Quand elle se redressa, leur visage se rapprochèrent et leur regard se
rencontrèrent et il eut la fugitive impression qu’il avait réussi à la dompter, mes ses yeux reprirent vite cet éclat sauvage, qui lui indiqua qu’il n’avait aucune emprise sur elle. Dommage, il
l’appréciait beaucoup et aurait bien aimé en faire son amie, mais avec ce qu’il savait, ce n’était pas possible.

Il lui baisa la main pour la remercier et l’orchestre entama un slow. Mark s’approcha d’elle pour l’inviter à danser, proposition qu’elle accepta
avec joie, tandis que lui se retrouva avec sa propre fiancée. Il craignit pendant un instant une scène : elle allait certainement lui reprocher son attitude etc. mais, au contraire, elle
était ravie.

« Tu sais ce que j’ai entendu dire, ce soir ? Et bien, il paraîtrait que Mark Oxford et Oceany Antelwort Geller pourraient se fiancer
prochainement ! Est-ce que tu sais ce que ça veut dire ?

– Que tu vas pouvoir ressortir ta robe à leurs fiançailles.

– Mais non, idiot : nous allons marier un de nos enfants à l’un des leurs : cette union va faire de notre enfant une des personnes les plus
importantes de Technopolis, peut-être même le futur maire !

– Pauvre Oliver, il vient de perdre sa fiancée…

– Ce que tu peux être agaçant, par moment ! Enfin, puisque tu as l’air de bien t’entendre avec Oceany, nous avons toutes nos
chances.

– Mais enfin, tu parles de choses qui ne sont pas certaines, tu tires toujours des plans sur la comète ! Rien ne dit qu’ils vont vraiment se
fiancer et même si c’était le cas, ils n’ont pas encore d’enfants…tu imagines que tu parles d’événements qui ne se passeront pas avant une vingtaine d’années ? La vie est pleine d’imprévus,
on ne sait pas ce qu’il va se passer.

– Tu es d’un pessimisme ! Je cherche ce qu’il y a de mieux pour nos enfants, c’est tout. »

Il soupira mais ne répliqua pas : les conversations tournaient toujours en rond avec elle, il ne valait mieux pas insister. Il jeta un œil
vers le couple de futurs fiancés en question et dut avouer qu’ils avaient l’air plutôt bien, ensemble. Ils avaient de la chance : eux, au moins, ils pourraient peut-être épouser quelqu’un
qui leur convenait vraiment, au lieu de subir une union qui les rendrait malheureux. Oceany croisa son regard et lui fit un étrange sourire qu’il ne sut pas trop interpréter. Elle pouvait
très bien lui témoigner son amitié, se moquer de la robe de Neve ou encore lui faire savoir qu’elle savait qu’il l’avait reconnue et qu’il allait bientôt passer un mauvais, un très mauvais
moment. Il resta un instant perplexe puis sourit à son tour, par politesse. Après tout, comment aurait-elle pu deviner qu’il connaissait ses activités nocturnes ? C’était quasiment
impossible.

—–    

            Oceany détourna le regard et leva à nouveaux les yeux pour admirer la grande
fresque au-dessus de sa tête, mais elle n’y fit pas vraiment attention, perdue dans ses pensées : l’avait-il reconnue ? Son comportement ne laissait entrevoir rien de tel, mais on ne
pouvait jamais savoir ce qu’il se passait dans la tête des autres. S’il savait qui elle était et que quelqu’un s’apercevait de la disparition des passes avant la fin de la soirée, elle risquait
de passer au mauvais moment.

« Elle est superbe, n’est ce pas ? déclara Mark.

– Pardon ?

– Cette fresque, elle est tout simplement magnifique. Mon père adore les artistes de la Renaissance et cherche à leur rendre hommage dans la moindre
de ses œuvres : par exemple, les piliers, qui représentent les anges, se sont inspirés de la Vénus de Botticelli et puis cette fresque, au-dessus de notre tête, parfaite reproduction de
l’originale.

– Ca compensera la perte de la vraie, détruite pendant la guerre, ainsi que la plupart des œuvres des peintres si chers à votre père. Mais comment
ont-ils fait pour créer une copie aussi fidèle simplement de mémoire ?

– Mon père a tout un tas d’ouvrages sur la question.

– Oh, vraiment ? Ce n’est pas très courant d’avoir des livres chez soi, dans cette ville. 

– A quoi ça servirait ? C’est dépassé, tout ça ! Avec notre ordinateur, nous pouvons accéder à une quantité de savoir extraordinaire et
puis, nous n’avons plus besoin de lire : les émissions télévisées nous expliquent tout.

– Oui, c’est vrai. Tiens, voici votre oncle, là-bas.

– Mon oncle ?

– Bryan, le frère de votre mère.

– Ce n’est pas le frère de ma mère mais celui de Kelly. En fait, c’est son demi-frère.

– Oh, je vois. »

Ils avaient vraiment de drôles de mœurs dans cette famille. Finalement, Kelly n’était pas aussi écervelée qu’elle ne l’avait pensé, bien au
contraire, elle était même très rusée. Peut-être même faisait-elle partie de la poignée de dirigeants de la ville et si elle avait une influence assez forte sur Oxford, elle devenait même la
personne la plus puissante de la ville, donc la plus dangereuse. Dans ce cas, elle avait eu de la chance de l’avoir surprise en charmante compagnie : si Kelly s’attaquait à elle, en retour,
elle raconterait tout à Oxford et la jolie blonde serait bannie. Voilà qui était intéressant.

—–

            Ethan s’assit sur une chaise et se frotta les yeux. La fatigue commençait à se
faire plus lourde et il avait hâte de rentrer chez lui, mais les gens ne semblaient pas décidés à partir. Enfin, au bout d’un moment, il vit M et Mme Thornton prendre leur affaire dans le
vestiaire et se diriger vers la porte. Il se leva afin de les saluer, quand la femme se mit à crier :

« Mon passe a disparu ! On m’a volé mon passe !

– Tais-toi, Margaret, tu as dû le faire tomber.

– Mais non, le tien aussi a disparu.

– Attendez ici, dit Ethan, je vais voir dans le vestiaire s’ils ne sont pas tombés de votre sac. »

Il se précipita vers la salle en question et jeta un rapide coup d’œil au sol, mais il savait qu’il ne les y trouverait pas. Il avait d’ores et déjà
une petite idée sur l’identité du voleur : Oceany. Il regarda la centaine de sacs posés les uns à côté des autres et tenta de trouver celui de la jeune femme. Au bout du vingtième, environ,
il poussa un soupir de soulagement : il avait dans sa main la carte d’identité de la voleuse. Il regarda dans le sac mais fut étonné de ne découvrir qu’un seul passe, celui
d’Oceany.

« Je peux savoir ce que vous cherchez dans mon sac ?  »

Il se retourna et la vit plantée à quelques mètres de lui, les mains sur les hanches, l’air furieux.

« Je…heu…je vérifiais que votre passe y était : deux ont disparu.

– Oui, j’ai entendu, mais ce n’est pas vraiment étonnant de la part de cette pauvre Mme Thornton, elle est un peu gâteuse.

– Oui, mais je ne crois pas que ce soit l’explication. Je pense que quelqu’un a pris ces passes, n’est ce pas ?

– Seriez-vous en train de suggérer que c’est moi, la voleuse ? Pensez-vous vraiment que j’ai l’air d’une délinquante ?

– Entre l’être et le paraître, il y a une grande différence.

– Je ne les ai pas volés : d’ailleurs, vous avez pu constater qu’ils n’étaient pas dans mon sac. »

Elle lui prit l’objet des mains et lui jeta un regard mauvais avant de retourner dans la salle. Il soupira et décida de refaire une rapide inspection
de la pièce, mais il ne trouva pas le moindre passe. Où les avait-elle mis ? Peut-être les avait-elle donné à un complice qui était tranquillement reparti ? Non, personne n’aurait pu
rentrer ici sans être muni d’une invitation : elle avait dû les cacher par-là. Il allait les récupérer, il devait bien ça à ses invités.

Il retourna auprès des Thornton et leur expliqua qu’il n’avait rien trouvé mais ils les avaient certainement oubliés chez eux. La salle commença à se
vider peu à peu, chacun rentrant chez lui et Ethan n’en fut pas fâché : il tombait de fatigue et l’épisode du sac l’avait énervé. Il savait que c’était elle, il l’avait reconnue, mais elle
avait nié et l’avait fait passer pour un idiot, il n’aimait pas ça. Mais elle ne perdait rien pour attendre.

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8 réflexions sur “Episode 7

  1. y a un truc qui m’ennuie … Tu postes la suite chaque samedi et je constate à chaque fois que peu commentent, que peu lisent … alors que ca te prends du temps. Alors demain je me fait les 7 que j’ai pas eu le temps de me faire avant : )

  2. mais c’est pas parce qu’il y a moins de commentaire qu’on lit moins, faut pas croire. c’est juste qu’il ne m’est jamais venu à l’esprit de ramener ma fraise toutes les 3 pages quand je lis un roman…
    bref, on lit, même si on commente pas, queoi!

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