Les effets spéciaux au cinéma : le grand massacre

Je vous avais promis la semaine dernière de vous reparler de Wonder Woman. Non pour étayer mon avis sur le film, j’ai dit ce que j’avais à dire et je dois un peu tristement avouer que 15 jours après le visionnage, j’ai déjà un souvenir un peu confus du film. Aïe. Mais y a un truc qui reste gravé dans ma rétine et ne partira sans doute jamais : la bouillie des effets spéciaux. Stop ce putain de massacre.

L'île de Themyscira dans Wonder Woman

C’est pas la première fois que j’en parle. Je vomis le ciné 3D qui coûte cher et n’apporte in fine jamais rien au film à part peut-être Avatar parce que c’était son principal argument vente et peut-être Gravity… quoi que comme avait dit mon compagnon de soirée qui n’avait jamais vu un film en 3D “c’était quand la 3D en fait?”. Jusqu’à présent, on avait le souci des films en 2D vendus comme des films en 3D avec une branche qui passe en premier plan histoire de te donner l’impression de perspective (c’est ce qu’on appelle communément la perspective à la japonaise). Maintenant, on a des films pensés pour la 3D mais diffusés en 2D et… bordel, c’est dégueu.

La bataille des amazones dans Wonder Woman et déluge d'effets spéciaux

Dans Wonder Woman, les scènes à Themyscira vont vraiment pleurer les yeux, c’est de la bouillasse numérique infame. Alors que c’est censé être beau (et que j’ai googlé direct où ça avait été tourné pour de prochaines vacances), mon Dieu, ça pue tellement le toc. Idem sur le combat des Amazones : ah oui, ok, ça virevolte mais anatomiquement, là, tu t’es pétée l’articulation à te tordre comme ça, madame. Surtout que tu sens que les plans sont calculés pour nous offrir un super spectacle en 3D avec des choses qui surgissent vers toi (ou des personnes de type amazones, donc) sauf que quand tu regardes en 2D : non seulement c’est confusant, tu comprends pas bien pourquoi y a ce plan là (enfin, si, parce que tu sais que c’est pour les spectateurs en 3D, pas pour toi) mais surtout c’est laid, mais c’est laid.

Wonder woman jette un tank - effets spéciaux

Je vais rarement au cinéma mais quand je me trouve face à cette mélasse d’effets spéciaux, vous savez à quoi je pense ? Aux photos HDR. C’est-il quoi donc l’HDR ? Plus que le poids des mots, le choc des photos :

Photo HDR

A la base, c’est un petit effet sympa qui donne de suite plus de classe aux photos mais c’est toujours l’abus et je supporte tout simplement plus de le voir. D’abord parce que j’ai la sensation que derrière chaque abus de HDR se cache un très mauvais photographe mais surtout… ben pardon mais globalement, c’est laid. Oui, c’est un avis subjectif mais ça dénature, on sait que ce qu’on regarde n’est pas réel. Ca pourrait être une démarche artistique intéressante mais je ne vois pas le message envoyé derrière. A la limite, je trouve le Tilt shift beaucoup plus intéressant comme effet…

Tilt Shift Barcelona par Lorenzo Baldini
Plus de Tilt Ship de Lorenzo Baldini en cliquant sur l’image

En fait, le problème du HDR en particulier et de la retouche en général, c’est cette tentation d’aller plus loin… d’aller trop loin. Un exemple : mes photos de plongée. N’ayant pas de filtre rouge sur mon caisson, je retouche mes photos pour éviter le trop bleu (petit cours péda : l’eau filtre les rayons solaires donc plus on descend, plus on perd du spectre lumineux. On perd très vite le rouge puis le jaune. Nos yeux font l’effort d’adaptation et on ne se rend pas trop compte de la différence mais un optique photo n’est pas aussi perfectionné que notre oeil : photos bleues. Mais on peut voir la perte du rouge assez facilement : une fois, je me suis fait une petite écorchure, je saignais marron). J’ai un petit script, je lance. Mmmm… c’est pas encore trop bleu ? Le risque ? Finir par aller trop dans le trop trafiqué, pas naturel… et obtenir une photo avec plus de bruit qu’autre chose.

Un ghost fish Philippines
Oui, c’est un poisson le truc noir (ghost fish). Et la photo n’est pas traitée, là

Je crois que les effets spéciaux rendent ivres : aujourd’hui, la seule limite semble être l’imagination mais je me demande si on n’a pas fini par basculer de l’autre côté : celui où on va imaginer EXPRES des scènes esthétiquement compliquées et peu réalistes pour une ébauche d’effets spéciaux pas forcément réussis. Je suis parfois si nostalgique des effets spéciaux en mode trois bouts de ficelles. Parfois, on voyait les trucs, parfois, ça laissait à désirer… Mais la narration ne se reposait pas uniquement sur cet effet incroyable à insérer à tout prix dans le film pour masquer les trous du scénario (quitte à faire partir une héroïne anatomiquement déformée dans le ciel de Paris pour une raison que personne n’a encore réussi à comprendre).

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *