J’ai expérimenté le ramadan

Tout a commencé par une semi blague. La semaine dernière, je demandais à ma collègue Iasmina si j’avais bien entendu qu’elle voulait nous inviter à rompre le jeûne avec elle. J’avais mal entendu m ais j’étais la bienvenue chez elle pour le faire. Alors que j’acceptais avec plaisir, mon autre collègue Isadora (qui n’est pas musulmane, je sais pas s’il est utile de le préciser) me dit « ah mais si tu va rompre le jeûne, tu le fais pour de vrai alors ! ». Moi, faut pas me lancer des défis comme ça.

Mardi, hier donc, j’ai fait ma journée de jeûne. Je m’étais préparée comme à un marathon. La veille, j’avais prévu de manger lourd et tard pour tenir. Après une engueulade sur MSN avec un gros con intolérant qui m’expliquait que la religion (en particulier musulmane) n’était qu’obscurantisme et le ramadan de la merde (depuis, il a dégagé de mes contacts). Sauf que quand je m’énerve avec quelqu’un, surtout via web, ça me coupe l’appétit donc à 0h, je finis par me décider à faire mes pâtes (alors que j’étais occupée à papoter avec
Tatiana et Vicky). Un gros bol de coquillettes bolognaise et deux banoffees plus tard ainsi qu’une bonne recharge en eau, je me dis que j’ai trop mangé et bu et que je vais mal dormir. Surtout que j’ai pas bu non plus des litres d’eau car ma vessie, elle a du mal avec le concept de ramadan.

Mardi, jour J. Je suis résolue à tenir et à ne pas trop me plaindre (sauf sur twitter). Parce que bon, les Musulmans, il font ça tous les jours pendant 28 jours donc la princesse pourrie gâtée, elle vit son jeûne en silence, merci. Alors j’en profite, justement pour expliquer le pourquoi de la motivation profonde du truc. J’ai appris relativement récemment que le ramadan servait en fait à plonger le croyant dans un état de pauvreté et d’humilité. Parce que bon, je pense que si je ne crois pas en ce Dieu catholique dont on m’a narré la
parole pendant 15 ans, je vais pas croire en Allah que je ne connais pas des masses parce qu’à l’arrivée, c’est quand même le même. Donc hier, dès que j’avais une envie de manger, boire ou fumer, je pensais à cet acte de pauvreté même si, en fait, je n’ai pas tant souffert de la faim que ça. Même la clope, j’en avais pas envie vu qu’à partir d’un certain moment, je planais un peu et que
l’idée de fumer me donnait la nausée. Par contre, la soif, c’est plus éprouvant, physiquement. Parce qu’à la fin de journée, j’avais quand même mal à la tête et du sable dans les yeux de déshydratation. Et je planais, oui. Mais j’ai pas craqué, même pas tellement eu envie en fait.

Et puis le soir, je suis donc allée manger chez Iasmina et j’ai ainsi fait la connaissance de son mari et de son fils. Il faudra un jour m’expliquer pourquoi tant d’hommes de moins de 6 ans tombent instantanément amoureux de moi et qu’après 20 ans, ils ont juste envie de me sauter. Bref, je joue un peu avec le petit qui me montre ses voitures, ses chaussures et tout puis arrive la rupture du jeûne avec l’appel à la radio (j’avoue honteusement ne pas connaître le nom). Là, c’est parti pour le repas : du lait fermenté avec des dattes,
une soupe avec du frik dedans, de la viande de mouton, de la coriandre et des légumes accompagnée d’un brik garni de pommes de terre, œuf, crème, herbe, fromage, de l’agneau aux petits pois avec des artichauts farcis et enfin le sucré avec un mélange de pruneau-abricots secs et amandes et des pâtisseries, le tout accompagné d’un vrai thé à la menthe. Evidemment, après la soupe et le
brick, je n’avais plus faim mais le mari de Iasmina m’avait prévenue de ne pas manger trop vite. Raté.

Après, Iasmina m’a montré les photos de son mariage en m’expliquant les différentes tenues, les rites… Et comme il était tard et que j’avais le ventre bien plein, son mari m’a ramenée et dodo.

Le bilan est donc plus que positif. D’abord, j’ai appris des choses sur le ramadan, sur les réactions de mon corps face au jeûne et en plus, j’ai pu rencontrer la famille de Iasmina et son gamin est juste génial (imaginez, c’est moi qui dit ça !). A un moment, par exemple, il dit « moi, je veux pas manger de ça » donc son père lui demande pourquoi et tout naturellement, le petit répond : « hé ! Parce que j’en ai pas envie ! ». Ah bah dit comme ça… J’ai vraiment passé un bon moment et j’ai appris des trucs, que demander de plus ? Par contre, soyons honnêtes : mon café, ce matin, je l’ai aimé d’amour !

10 réflexions sur “J’ai expérimenté le ramadan

  1. Très sympa ton récit. A lire le menu je dirai que tes amis sont tunisiens ou algériens de l’est (ou un de chaque lol) C’est vrai que c’est très convivial en général les ambiances en famille pendant le ramadan, les gens passent plus de temps ensemble, il y a quelque chose en plus.

  2. quand je pense que d’autres n’ont même pas ton contact msn, la vie est mal faite héhé. moi j’ai fait pessah cette année, ça n’a rien à voir mais je tenais à le dire quand même.

  3. l’important ds ce rite, c’est qu’il entretient de la convivialité…en tout cas, bravo pour cet exploit (je parle de la journée sans rien (hep c’est aussi sans sexe, là tu n’en parles pas…??)

  4. Eh ben avec un peu plus de gens ayant ton ouverture d’esprit, le monde irait certainement mieux. Interessant article… Interessant Blog… Moi qui ai biontôt deux fois votre âge, je me régale à vous découvrir !
    A plus sous l’bus !
    Djino

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