Comment survivre en étant de gauche en France ?

En ce moment, je suis une privilégiée : dès que je quitte le bureau, je suis médiatiquement coupé du monde vu que je n’ai pas encore le net. Je capte bien un wifi Neuf libre accès mais il est aléatoire donc je ne surfe pas trop avec. En quoi suis-je privilégiée d’être médiatiquement déconnectée ? Parce que pendant quelques heures, on m’a épargné la lente et douloureuse agonie du PS. Au secours, je suis de gauche !


 Examinons les faits de façon totalement partiale. En 1, nous avons Ségolène Royal aka la Anne Roumanoff du PS avec son célèbre sketch Fra-ter-ni-té (ahahah) ou le fameux « non mais mon programme présidentiel n’était pas réaliste enfin » (ahahahahah). En 2, nous avons Martine Aubry revenue de Lille où elle devait s’ennuyer ferme, Martine qui, rappelons le, a largement bâclé la réforme des 35 heures pour partir à Lille, justement, ville ingrate qui lui a infligé une belle défaite en 2002 face à un candidat UMP inconnu. Et enfin Benoît Hamon, revenu du NPS (pseudo parti qui prouve une nouvelle fois le talent comique inné des socialistes qui cherchent surtout à occuper le devant de la scène et manger la plus grosse part du gâteau) qui a pour qualité principale ses beaux yeux. Enfin, j’étais quand même plus favorable à sa candidature, pas juste parce que je le trouve charmant (Wauquiez aussi, il est pas mal, je ne vais pas voter UMP que pour ça non plus) mais parce qu’à la limite, j’étais assez favorable au principe du « mais je suis pas présidentiable, je ne m’occuperai que du parti ». Evidemment, on pourrait débattre de la sincérité du monsieur mais bon…

Et là, le pire arrive : c’est la guerre. Martine-Ségo, 50-50. Bon déjà, est-ce que quelqu’un ici peut sérieusement m’expliquer comment on peut encore soutenir Royal. Perso, le « ahahah mais enfin, mon programme n’était pas réaliste », sous entendu « fallait être con pour y croire », pardon mais je ne digère pas. Même si le SMIC à 1500 euros, j’avais eu une conversation enflammée sur le sujet avec un futur militant, je lui avais expliqué que ce n’était pas forcément souhaitable d’augmenter aussi brusquement le SMIC mais
c’est pas la question. Bref, les deux se déchirent, se traitent de noms d’oiseaux, s’accusent mutuellement d’avoir triché. Et moi, je déprime. J’espère très fort me tromper mais à l’heure actuelle, je nous vois filer droit vers un scénario à la canadienne. Je m’explique. Au Canada, il y a un parlement fédéral avec en gros 4 grands partis : le parti libéral, le parti conservateur, le bloc québécois et l’Alliance. Ces deux derniers partis sont essentiellement régionaux : le bloc québécois est le parti qui promeut la souveraineté québécoise au niveau fédéral et le parti réformiste est surtout populaire à l’ouest…Là où les Québécois énervent tout le monde avec leurs revendications. Ces deux partis ne peuvent donc pas accéder au pouvoir à l’heure actuelle, reste donc le PL et le PC. Or en 93, le PC a subi une défaite monstrueuse suite à un accord constitutionnel raté et un référendum perdu, il ne leur est resté que deux députés.
Même la Première Ministre Canadienne de l’époque n’a pas renouvelé sa députation. Ouais, je souligne juste au passage qu’au Canada, une femme dirigeante, ce fut une réalité dès 93, je dis ça… (bon, ok, elle est resté quelques mois). Le PC était limite cliniquement mort jusqu’en 2006. En gros, de 93 à 2006, le seul parti à pouvoir remporter les élections législatives était le PL, ce qui faisait que le caucus du PL était le seul dans le pays à choisir l’identité du Premier Ministre. Et en France ? 2002, c’était y a à peine 6 ans et très franchement, je suis archi pessimiste pour 2012. Ainsi, l’identité de notre prochain président sera-t-elle choisie uniquement par les militants de l’UMP ?


 

Alors maintenant, je fais quoi ? Je m’inscris au PS pour militer et essayer de reconstruire le parti ? Non, je n’aime pas le PS, ils m’énervent tous autant qu’ils sont, on a l’opposition la plus nulle du monde. Bon, ok, j’exagère sans doute mais on les entend plus ouvrir leur gueule sur leurs petites disputes que sur les lois fabriquées par le nouveau gouvernement. Alors en 2012, je suis censée voter pour ça ? Laissez moi rire.

 

Alors, je m’entraîne à être de droite, je dis que Sarko, il est trop super et qu’il gère super bien la crise (sachant qu’en décembre, entre mon découvert actuel,mon loyer et les impôts, j’aurai précisément zéro euros pour vivre). Je dis qu’il est brillant, ainsi que tous ses ministres et que je suis confiante en l’avenir. Et je me dis qu’avec mes fiançailles avec la loi de Murphy, le fait que je devienne UMP est le dernier espoir de la gauche en 2012.

7 réflexions sur “Comment survivre en étant de gauche en France ?

  1. hé rejoint le NPA camarade, je sais pas si on gagnera quoi que ce soit, mais au moins on boira des bons coups (enfin j’espère). mais sinon ouais ça déprime.

  2. je m’insurge contre ta dernière remarque! on est jamais trop vieux pour être utopiste, c’est elle qui fait qu’on se lève le matin et envie d’affronter demain.

  3. J’ai suivi pas mal ce qui s’est passé dans le parti socialiste dernièrement, par les médias et les blogs,…
    Bien sûr, le côté : querelles de personnes, intéresse forcément, et je ne suis pas en reste… Mais, j’y ai vu aussi un débat plus large assez intéressant, bien qu’il ne concernait pas directement les questions socio-économiques majeures que doivent traiter les hommes politiques au pouvoir…

    C’était un débat sur la démocratie et sa matière de fonctionner pour élever le débat à l’heure de la médiatisation de l’instantané:
    -d’un côté, le fonctionnement ancien du parti socialiste, avec ses courants, qui sont autant de clans, avec des petits calculs, et des débats internes très cloisonnés (avec en plus un poids des barons sur les fédérations locales assez énormes)
    -de l’autre côté : le rêve de Ségolène Royal de se construire un parti de supporters, comme l’UMP de Sarkozy : prix d’adhésion modique, beaucoup d’horizons et d’idées différentes à la base, arbitrage donné par le chef à la lumière des sondages, et adoration de celui-ci par les supporters… Avec un bon chef et de bons conseillers en communication, ça marche assez bien pour arriver au pouvoir… Mais, il y a un côté terrifiant parfois à attendre les innombrables petits soldats sarkozystes occuper la toile et les autres médias, en martelant le même message…

    Je pense que la bonne voie est une voie médiane…ou les citoyens et leurs représentants politiques seraient exigeants : « plus de pédagogie, moins de démagogie », et ne se laisseraient pas guider par le seul air du temps…

    Sinon, deux questions :
    Qu’entends-tu par « te sentir de gauche » ? Les mots « gauche-droite » sont des notions assez floues pour moi qui n’apparaissent que secondaires dans les grands clivages politiques et idéologiques que je peux voir…

    Des fiançailles ?

  4. en ce qui me concerne ça n’a jamais été un vote contestaire mais plus de convictions (enfin autant que possible), mais je comprends que ça puisse l’être pour beaucoup.

  5. Sans être pour Sarko comment peut on être de gauche aujourd’hui ?
    Je viens de payer 1200 euros de taxe d’habitation avec mon petit salaire de prof…Tout ça pour tout ceux qui ne paye rien… Et je sais de quoi je parle près de Sarcelles…
    La solidarité c’est beau mais trop ça suffit !

  6. Pas mieux. Tu as résumé toute la rancoeur que j’ai contre le PS, tout le mépris à l’égard de ces dirigeants. Je me demande m^me si, en 2012, je ne vais pas voter Bayrou pour envoyer un signal fort, style 21 Avril 2002…

  7. Alors la je suis obligé de répondre.
    On est pas en train de se choisir une équipe de football, la. Ce n’est pas parce que le parti socialiste perd beaucoup en ce moment qu’il faut changer de parti! Etre sympathisant n’est PAS faire parti d’un club de supporters aux dirigeants.
    Etre socialiste, c’est partager un certain nombre de valeurs, une certaine idée de la société. Sans verser dans l’utopie, c’est vouloir un état fort, qui permette un accès au soins, à l’éducation pour tous. Un état ou l’égalité est une valeur fondamentale. C’est une société avec des services publics gratuits et accessibles, etc…..Par contre c’est vrai que cela coute cher, et qu’il faut parfois relever les impôts pour financer tout cela.
    Ça n’a rien à voir avec être UMP. Leurs valeurs sont axés sur la liberté personnelle. L’état y est faible (quitte à le réduire à la justice, la police et la défense), les impôts sont faibles, mais les services publics aussi. A la limite, dans un état complètement de droite, tu paye entièrement toute la scolarité de tes gamins, tous tes examens médicaux, tes médicaments, etc….. Bref, l’état te permet de t’enrichir sans entrave, mais tu paye plein pot tout ce que tu fait.
    Je suis pas politologue, mais ca me fait toujours faire des bonds quand j’entends des gens dire que la gauche et la droite c’est pareil.
    Alors choisi ton camp camarade! Mais c’est le genre de conception de l’état que l’on ne se change pas tous les quatre matin.
    Il est vrai qu’il y a un gros gros problème de leadership au PS en ce moment, mais ça empêche pas d’être socialiste. cette guerre des chefs me fait surement plus chier que vous, mais j’aime l’idée, les valeurs du socialisme, et c’est pas prêt de changer. Je ne peut qu’attendre que la tempête se passe, qu’un capitaine rattrape la barre, et que l’on puisse enfin former une vraie opposition. Et dire aux gens pourquoi le socialisme est bon pour notre société.
    Je respecte ceux qui votent, qui militent UMP, d’ailleurs ce débat risque pas de se clore, mais on change pas de camp juste pour les beaux yeux du dirigeant.

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