Il est de ces journées…

J’avais prévu, comme tous les samedis, de publier ma liste, je l’ai même rédigée en partie. Mais aujourd’hui, j’ai pas le cœur à rire, à faire semblant que tout va bien. Je la mettrai demain.
 

Hier fut une de ces journées irréelles, celles qui se passent comme dans un rêve (ou un cauchemar), où les choses se passent sans qu’on comprenne exactement ce qu’il se passe. Hier devait être une journée comme les autres, avec mon petit planning : des articles à écrire, des gens à contacter, des CV à envoyer, tout ça, tout ça. 13h30, mon téléphone sonne : « maman portable ». Tiens ? Elle me veut quoi ? « J’ai une mauvaise nouvelle. ». J’ai moins de trente secondes pour m’asseoir et me préparer. En attendant, la liste des catastrophes passe dans ma tête. « C’est ta grand-mère ».

 

Ce matin, la femme de ménage de ma grand-mère Bartoldi est allée la voir et elle a trouvé qu’elle parlait bizarrement. Elle y est retournée à midi et a retrouvé ma grand-mère assise à sa table, catatonique. Donc à 13h30, j’apprends ça. On ne sait pas exactement ce qu’il s’est passé mais mes parents ne sont pas optimistes. Il faut savoir que ma grand-mère a 87 ans et a survécu il y a quelques années à un cancer du sein. Pourtant, y a 15 jours, mon père lui a fait un électro et elle a un vrai cœur de jeune fille. Mais c’est pas le cœur, le problème.

 

Là, j’entame un après-midi d’attente. Ma sœur se connecte aussi sec sur MSN puisque mon père l’appelait pendant que ma mère me prévenait et on en parle. Sur le coup, je réagis pas, je ne comprends pas trop. Puis je me rends compte que je suis en train de trembler des pieds à la tête. Elle me demande si j’avais senti quelque chose, si j’avais eu des prémonitions. Hmmm, pas vraiment. Certes, mardi ou mercredi, j’ai dit après un début de semaine merdique : « c’est bon, j’ai eu un refus pour le taff, mon mec me fait le coup du silence radio, il m’arrivera plus rien » et j’ai oublié de dire « sauf ». D’habitude je le fais, histoire de conjurer le mauvais sort. Parce que je sais que la vie aime me foutre des trucs dans la gueule quand je me montre trop définitive sur un point. « Tu crois qu’il t’arrivera rien de pire ? Tu crois que 2007 sera une bonne année ? Ben, tiens ! ». On comprend pas bien ce qu’il se passe, ce à quoi il faut s’attendre, on croise nos infos… Elle s’en veut de pas être allée la voir y a 15 jours quand elle est descendue, je m’en veux d’avoir parlé de son héritage pour me payer un ordi.

 

15h30, toujours pas de nouvelles, ma sœur en peut plus, j’essaie de la rassurer. Ma grand-mère a demandé à ne pas avoir d’acharnement thérapeutique, si elle était en mort cérébrale, on le saurait déjà. Je lui demande si je peux passer chez elle le soir car j’ai pas envie de rester seule mais pas envie de voir des gens. 17h30, ma mère m’appelle, elle ne sait pas grand-chose de plus : le scanner est bon, c’est pas cérébral à priori. On se demande un moment si c’est pas médicamenteux, depuis le temps qu’elle dit qu’elle va se suicider mais elle ne l’aurait pas fait comme ça. Pas à la table de la cuisine, pas sans lettre. 18h30, nouveau coup de fil alors que j’arrive chez ma sœur. Ils pensent à une embolie pulmonaire. Là, je suis perplexe : depuis quand une embolie pulmonaire entraîne une catatonie ? Mais ça me plaît pas, mon grand-père maternel est mort d’une embolie… Arrivée chez ma sœur, je vois bien qu’elle a pleuré. On regarde vaguement la télé en essayant de savoir quoi penser de la situation.

 

20h30, nouveau coup de fil. Les médecins ne savent pas ce qu’il se passe. Ce n’est pas une embolie pulmonaire, elle avait un truc mal avalé, elle mangeait quand elle a eu son malaise, apparemment. Mes parents l’ont vue, elle a les yeux ouverts qui regardent mais elle ne répond pas quand ils lui parlent, ils ne savent pas si elle comprend ce qu’il se passe. Par contre, elle est très agitée et ils ont dû l’attacher car elle se débattait beaucoup. Elle a apparemment convulsé quand les pompiers l’ont récupérée… Je mange chez ma sœur et je traîne chez elle, on fait une partie de poker tous les trois avec Anthony, je gagne. La chance du débutant car je suis nulle en stratégie. C’est toujours un peu étrange ces moments un peu suspendus après une mauvaise nouvelle où on rigole pour un rien tellement on est tendus.

 

Et maintenant ? Je sais pas. A priori, il n’y a aucun doute quant à sa « survie » (je trouve pas d’autres mots) mais on se pose la question de sa récupération mentale. Ma grand-mère, c’est une cérébrale. Son truc, c’était de lire, regarder la télé, étaler sa science. Si elle perd ça, quelle vie elle peut avoir ? Beaucoup de questions se posent, je pense que si elle récupère ses facultés, elle ne pourra plus vivre seule quoi qu’il en soit. Mon oncle, lui, pense que c’est fini. Elle repasse des examens aujourd’hui, on saura peut-être… Mon autre grand-mère était quasi condamnée quand elle a eu son infarctus et finalement, elle est repartie… Peut-être qu’une fois encore, les choses s’arrangeront. Parce que ma grand-mère paternelle, elle est méchante et mordante. Elle n’a plus une vie facile avec ses problèmes physiques et elle s’est jamais remise de la mort de mon papy. Mais on a beau se dire ça, c’est ma grand-mère et j’ai pas envie qu’elle meure.

14 réflexions sur “Il est de ces journées…

  1. Je retrouve ce qu’a fait mon grand-père deux fois… Deux fois on l’a retrouvé dans la rue, plus rien, plus de paroles, plus de mémoire. Deux fois c’est revenu, il a 93 ans et il est en pleine forme. Je te souhaite plein de courage. Bisous.

  2. En dehors du fait que bien évidemment on te souhaite, ainsi qu’à ta grand-mère surtout, le meilleur, c’est bien de mélanger les posts légers, les sérieux et les graves comme aujourd’hui. Ca rappelle douloureusement parfois que la vie est aussi réelle et qu’elle n’est pas que virtuelle sur nos blogs, même si on connaît tous leur caractère chronophage. Bien amicalement.

  3. Eh bien moi en 2sde, j’apprends que mon arrière grand mère est tombée dans la rue et qu’elle se trouve à l’hôpital : on lui fait plein de scanners mais on ne sait pas ce qu’elle a ! Des journées d’attente, c’est super long et stressant, je n’arrive pas à me concentrer en cours, je la sais fragile .. Finalement on nous dit qu’elle va pas très bien mais qu’elle devrait s’en sortir. Elle ne reconnait personne, même pas mon grand père .. Puis quelques jours avant les grandes vacances, ma mère rentre dans ma chambre en me disant qu’elle est décédée ..
    J’en ai pleuré pendant des jours !

    C’est pas joyeux mon histoire mais tout ça pour dire qu’on ne sait jamais ce que la vie réserve. Profite de ta grand mère, passe la voir et mon,tre lui que tu vas bien. Je suis sûre qu’elle tiendra le coup, ce n’est pas la première fois !
    Bon courage =)

  4. Bon courage dans cette épreuve. Perdre un proche est difficile. L’attente et l’idée de le perdre sont bien moins supportables.

  5. Je croise les doigts ma belle… Je crois qu’on a tous connu à un moment ou à un autre ce genre de situation, alors je comprends ce que tu endures, et j’espère de tout coeur que la situation va s’améliorer… Bises

  6. Bon moi je vais faire dans le positif : été 2005, mon grand-père (qui est certes plus jeuen que ta grand-mère) nous a fait un truc on savait pas trop ce que c’était non plus mais on a cru qu’il resterait un légume parce que bon…moi je l’ai vu quelques jours après ça c’était déjà amélioré et je lui donnais à manger à la petite cuillère et il avait des mouvements de langue incohérents, il était attaché aussi il voulait se lever alors que ses jambes le portaient plus…on a vraiment cru qu’il allait rester comme ça!

    Pi finalement les trucs se sont guéris les uns après les autres : il avait un truc aux poumons avec une intoxication médicamenteuse par dessus…

    Ensuite il est parti 15 jours en rééducation à Berck et il pétait le feu (faut dire 15 jours sans ma grand-mère ça a été de vraies vacances… 🙂 ).

    Donc bon voilà si ça se trouve ils vont te la requinquer ta grand-mère!

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