En fait, il y a en a 2. Traditionnellement, la semaine pré vacances, quel que soit sa date, est toujours dense vu qu’il faut boucler tous les dossiers en cours. Pas possible de se dire « bof, je finirai lundi » vu que lundi, vous ne serez pas là pour terminer votre truc peinard. Vendredi, c’est la deadline ultime, aucun délai supplémentaire.
Et puis vous avez la semaine du 20 décembre qui n’a comme équivalent que celle du 30 juin car là, c’est la double combo : toi, tu pars et tes correspondants aussi. En gros, faut tout boucler avant les vacances de Noël ou d’été, ces parenthèses enchantées du monde du travail où il ne se passe plus rien. Période où j’adore bosser car on est tranquille et que les journées peuvent vraiment faire les 7h30 qu’elles sont censées faire. Non parce que là, quand je remplis mon timesheet, je me rends compte qu’une journée normale pour moi (9h30-19h à peu près) dépasse les 7,50 de travail effectif. Je devrais me casser à 17h30 tous les jours. Bref, je m’égare. Donc nous voici dans la pire semaine de l’année, celle où l’on court comme des petits fous maniaco-dépressifs pour cocher tous les points de notre to do list, créature fantastique qui, telle l’hydre, voit ses membres repousser au fur et à mesure que tu les coupes. En somme, tu coches fièrement une tâche accomplie, tu en ramasses deux de plus. Raaaaaaaaaah, laissez-moi !
Je cours, je cours. La semaine du 20 décembre a ça de particulier qu’en plus, on est en fin d’année donc passablement claqués et je vous parle même pas de la météo, irrémédiablement dégueulasse. J’arrive le matin, la tronche en biais et la coiffure alternative, encore prisonnière des vapeurs du sommeil, j’ouvre ma boîte mail et là… avalanche de messages dans ma gueule, c’est le bal des points d’exclamation rouges. « Nina, peux-tu faire ça, c’est urgent ? ». Oui mais un peu comme tout ce qui a dans ma to do list. On se frotte les yeux, on checke tout ce qu’on a à faire, on priorise et on se lance dans l’arène. Par le pouvoir ancestral du powerpoint et excel, je vais te massacrer, tâche ingrate ! J’aligne les préz’, les bilans, statistiques de ci ou de ça, planning édito. Mes doigts s’agitent frénétiquement sur le clavier, une goutte de sueur se forme sur ma tempe. J-5, J-4, J-3, J-2… et ne traîne pas car le client ne se tapera pas une nocturne la veille de ses vacances pour te valider un truc. Les horaires s’étirent, tu ne voies plus le jour. De toute façon, la vie privée, ça sert à rien.
Le téléphone sonne, les mails pleurent, tu sens tes nerfs en pelote, tu sens que ça va sortir, que tu vas répondre agressivement à quelqu’un qui va te demander un énième truc urgent de façon un peu sèche parce que là, quand même, tu manques un peu de réactivité…Là, tu lèves les yeux et vois loin, très loin au dessus de toi la surface de l’eau. T’irais bien donner un coup de pied pour la rejoindre mais tu as dans les bras une enclume qui t’entraîne toujours plus profond.A un moment, c’est la panique, le manque d’air, le ras le bol. Tu es envahi par la sensation que tu n’y arriveras jamais. Et la tentation de tout laisser tomber et d’envoyer quelques personnes aller se faire foutre cordialement te saisit. Après tout, eux aussi seront en vacances vendredi, on devrait tous se faire des bisous et s’envoyer nos voeux pour cette douce trêve plutôt que de se hurler dessus parce qu’il faut boucler les dossiers. Après tout, ils seront toujours là le 2 janvier, ces foutus dossiers.
Vendredi soir, vers le 20 décembre, tu mets le point final à ton dernier dossier que tu envoies avec fierté et soulagement. Après avoir perdu 2 ans d’espérance de vie dû à une forte tension et l’absorption de substances en tout genre pour pas péter un plomb (café, alcool, tabac, shit, lexomil… choisis ton camp camarade… Mais prends pas tout ça, petit conseil de tatie Nina), enfin, tu atterris en douceur, tu trônes fièrement sur l’amas des cadavres des tâches accomplies. Tu as gagné. Et tu pars en vacances, les vacances les plus épuisantes de l’année.
Tu dormiras l’an prochain.
En attendant, moi, je pars pour un long week-end de Noël dans mon sud, bisous bisous !