Mercredi, 13h45. Dans un monde normal, je serais à cinq minutes de Montparnasse mais en fait, on est loin, le train a du retard. Je reviens de mon pays natal où j’ai passé un long week-end, je suis entassée dans un coin de train avec ma valise, mon ordi et la pauvre Kenya qui dort tranquillement dans sa cage, se préparant pour la sérénade qu’elle me jouera tout à l’heure dans le métro. A côté, y a une fille aux dreads roses dans lesquelles sont accrochées des capsules de bière et elle a un rat teint en vert sur l’épaule… Pauvre rat, c’est pas sympa de le teindre, quand même.

Il ne fait pas très beau et je suis d’humeur un peu nostalgique depuis hier. Il faut dire que mon retour sur Toulouse fut chargé en émotion. Week-end normal à fêter l’anniversaire de mon père et de ma sœur avec mes parents, la dite-sœur, mon « frère » (il ne l’est pas d’un point de vue biologique mais fait partie de notre famille depuis trois ans, pas la peine de demander comment se fait-ce, je n’en dirai pas plus), ma grand-mère gentille et ma tante. Vendredi, samedi, dimanche, lundi pépères. Mardi, journée marathon.
Plan à 4 au resto
Mardi, donc, 11h45, je pose mes délicates fesses dans l’habitacle de la 206 maternelle pour foncer su Toulouse. Ah, le plaisir de la conduite ! J’adore conduire mais je n’ai plus trop l’occasion de le faire puisque je n’ai pas de véhicule sur Paris. Embrayage, première, embrayage, seconde, embrayage, troisième vrouuuuuuuuuuuuum ! Et vas-y que je déboîte à gauche pour doubler tout en hurlant : « what a-are you waindingue for ? » (pour ceux, nombreux, qui n’auraient pas reconnus, c’est du Gwen Stefani). Car, ce que j’aime dans la conduite, c’est visser les écouteurs de mon ipod dans les oreilles et chanter à tue-tête, m’imaginant devant une salle comble en train de m’applaudir. Oui, je sais j’ai pas le droit de conduire avec un baladeur sur les oreilles mais moi, au moins, je n’appelle personne pendant ce temps. Donc tout va bien.
Arrivée 12h30 au centre ville de Toulouse, je me gare sans soucis dans un parking souterrain, j’ai même pas eu à m’énerver après un automobiliste ce qui, à Toulouse, est plutôt rare. Je vais m’acheter un ticket de métro pour me rendre à St Cyprien. Oui, j’ai rendez-vous avec un jeune homme que je ne connais pas, je vous raconte l’histoire. Il y a une semaine ou quinze jours, je trafique sur mon blog quand je suis soudain déconnectée. Je me reconnecte et là, je vois écris en haut de l’écran que mon blog est en « privilège ». Ah ben, merde, alors, je rêve ? Tous les blogs débutent en confiance, on passe en privilège quand notre blog est de qualité mais ce passage était bloqué depuis quelques temps en attendant la sortie de la nouvelle version (sortie mardi). Du coup, maintenant, je sais quels mots clés vous tapez pour arriver sur mon blog, bande de pervers ! Etonnée, je vais hurler ma joie sur le forum d’over-blog (OB) puis je vais faire un tour sur ma boîte mail et voit que j’ai reçu un courrier d’un dénommé Fabien au sujet de mon passage en privilège. Ce monsieur est l’un directeur d’OB (ils sont trois) et comme il aime beaucoup mon blog, il l’a fait passer en privilège. Ah ben merci ! On s’échange nos adresses MSN (non, ce n’est pas nina.bartoldi, mon adresse MSN, arrêtez de m’ajouter). Un soir, on discute, tranquillement, je lui raconte que je suis en vacances chez mes parents, dans une ville assez proche de Toulouse et là, il m’annonce que les bureaux d’OB sont précisément dans la ville rose. En voilà une information, je ne le savais pas du tout ! « Si tu veux passer nous voir, un jour… ». Tu parles que je veux, découvrir les bureaux grâce auxquels je suis une star, je vais pas dire non ! En plus, il a l’air marrant, Fabien : déjà, il n’a « que » 26 ans, donc plus jeune que ce que je croyais. Hé oui, y en a qui ont 25 ans et qui sont chômeuses, d’autres qui en ont 26 et qui sont directeurs, chacun son truc. Donc on discute et on part dans un délire sur le train.
Le principe est simple : si la SNCF veut nous faire préférer le train, qu’elle y mette du sien, c’est à dire qu’elle place les gens en fonction de leur âge. Et si nous faisions un wagon spécial 12-25 ! Non parce que systématiquement, on se retrouve à côté d’une personne bien plus âgée que nous. D’ailleurs, ce week-end, ça n’a pas raté : à l’aller un vieux (qui est rapidement descendu, une banquette entière que pour moi), au retour, un vieux (mais y avait toute une banquette de libre à côté donc je m’y suis installée). A une époque, je lisais les nouvelles érotiques publiées sur aufeminin et il y avait toujours des histoires dans le train… Moi, je veux bien faire des galipettes dans le train mais avec qui ?
Bref, on a un bon contact et il me propose de passer dans leurs bureaux pour un déjeuner. Jeune homme, 26 ans, célibataire, chef d’entreprise… Bon, et bien, vous commencez à me connaître, je m’empresse d’accepter ! Surtout que ce n’est pas un simple déjeuner : y a peut-être un petit job pour moi à l’arrivée. Me voici donc dans le quartier de St Cyprien, quartier où j’ai vécu mes quatre premières années toulousaines, dans une résidence étudiante où j’ai pu faire partager mes ébats malgré moi. Je trouve très facilement leurs bureaux (ben, oui, ils sont voisins de mon ancienne résidence étudiante que j’ai tant honnie les derniers mois). Je finis ma clope, je sonne et on m’ouvre. Bon, l’immeuble est petit, premier étage, je trouve un charmant blondinet qui me claque la bise : Fabien. C’est marrant, il ressemble un peu à un copain que je fréquentais en maîtrise science politique et qui avait un nom de famille à consonance italienne. Il me montre le loft qui abrite les locaux d’OB et accessoirement sa chambre (un tout petit lit, le pauvre !), il me présente à tout le monde puis on va fumer sur la terrasse. Je dois avouer que dans le Loft, ce qu’il m’a le plus plu, c’est la terrasse. Assez grande, qui donne sur les toits, c’est peinard. On discute un peu, ça fait plaisir de voir qu’il suit bien mon blog, je lui raconte quelques anecdotes sur les « coulisses » du blog.
On part manger avec Gabriel, un des autres fondateurs d’OB puis Jérôme nous rejoint ensuite au resto (notez, les garçons, que j’ai choisi les prénoms en fonction des initiales). Le repas est franchement sympathique, j’ai plus l’impression d’un repas entre potes que celle d’être avec trois inconnus (trois mecs pour moi seule, j’assure, quand même). J’apprends pas mal de choses sur OB, c’est hautement instructif. Et à la fin du repas, me voilà promue intervieweuse officielle du site. En fait, ils projettent de changer la home et les interviews que je ferai seront mis en une. Voilà de quoi enrichir mon press book…
Goûter avec l’ex
Suite à ce déjeuner, je quitte mes nouveaux amis après les avoir raccompagné devant leur immeuble. Fabien me propose de monter mais ils vont travailler, je vais pas les regarder béatement. Donc je file en ville pour mon prochain rendez-vous : Guillaume, mon ex. Après quelques courses que je dépose à ma voiture, je rejoins donc le lieu de rendez-vous. Comme d’habitude, il est en retard donc après avoir esquivé un mec qui essayait d’entrer désespérément mon champ de vision, je m’appuie contre un mur et coince une clope entre mes lèvres. Je n’ai même pas eu le temps de chercher mon briquet qu’un mec s’approche de moi : « vous voulez du feu ? » Ah ben ça alors ! Il allume ma cigarette et s’en va sans demander son reste. Que je t’aime province, lieu où j’existe en tant qu’individu et pas en tant que point dans une foule compacte ! Non parce qu’aujourd’hui, j’ai retrouvé ma joyeuse jungle parisienne et là, je n’existe plus. Enfin, si, un peu : je trimballais Kenya mais je ne suis finalement que le prolongement naturel de sa panière. C’est pas moi qui les intéresse, c’est elle, avec sa bouille rigolote et ses longues moustaches et ses cris déchirants.
Guillaume arrive enfin, il ne va pas très bien, je le sais. On va faire quelques courses à la librairie, là où j’achetais mes mangas, dans le temps. Il y a toujours Fabien, le beau vendeur brun aux yeux verts que j’ai toujours rêvé de violer dans l’arrière-boutique (oui, je sais, ça fait le deuxième Fabien de l’article mais quand je vous dis que je fréquente des personnes qui ont toutes le même prénom, je ne mens pas). Ça me fait bizarre d’être là. On se rend ensuite dans le café qui a abrité nos amours durant deux ans (oui, on l’a pas découvert de suite), la décoration a changé et je suis déçue : le lieu a perdu son charme, défiguré par un énorme présentoir Haribo. Foutu capitalisme.
On discute beaucoup, enfin, surtout lui. Oui, il faut savoir que je suis quelqu’un d’assez bavard mais je suis une petite joueuse à côté de lui. Il me parle de ses amours, il est malheureux : depuis deux ans, il côtoie une fille qui vit très loin sur le net et elle doit venir en janvier mais elle s’éloigne de lui. Elle a peur, elle ne veut plus parler d’amour et je la comprends quelque part : l’amour à distance, surtout quand un océan vous sépare. Il en parle, ses yeux rougissent et sa voix tremble un peu donc je le remonte comme je peux : « Ecoute, je suis une fille et pas trop mal placée pour comprendre ce qu’elle vit. Jamais je ne traverserais un océan juste pour voir un « ami ». Tu le sais et elle le sait aussi, vivez ce que vous avez à vivre, vous aviserez après. » Apparemment, ça va mieux.
Et là, c’est l’heure des révélations. Il m’apprend que pendant quatre ans et demi, il était toujours en contact avec son amour de jeunesse, LA fille que je détestais sans la connaître parce qu’il l’aimait toujours beaucoup. Mais ce qu’il prenait de l’amitié n’en était pas, elle a toujours eu des vues sur lui et, apparemment, elle a tenté de le soustraire à mon influence pendant quatre ans. Raté, connasse ! Et elle refait pareil avec son amoureuse actuelle. Sauf que là, il a compris et s’est senti trahi. Il m’a aussi expliqué qu’il connaissait sa correspondante virtuelle bien avant notre rupture et qu’à la fin de notre histoire, il pensait à elle plus qu’à moi. Du coup, je lui ai avoué avoir été très attirée par Bertrand à ce moment-là, je lui ai même raconté ce jour de pluie où le jeune homme était venu me parler avec ses yeux verts-bleux-gris qui avaient fait explosés mon petit cœur. Mai je n’ai pas parlé de Fabien, celui pour qui je crevais de désir à une époque (trois Fabien dans un article, j’atteins des records). Pas la peine d’en rajouter.
Curieusement, de le savoir, ça ne m’a pas blessé, il n’a pas eu l’air d’être fâché que je lui parle de Bertrand… On a dépassé le stade des passions mais il reste que je l’aime énormément et je ne supporte pas de le voir dans cet état, ça me crève le cœur. Je lui ai rappelé que j’étais là pour lui quand ça allait mais aussi quand ça n’allait pas. Je suis sortie avec lui suffisamment longtemps pour le connaître par cœur même si, mardi, je l’ai découvert jaloux, jaloux d’un gars qui tourne autour de sa donzelle. Il n’a jamais été jaloux de mes amis, il n’a pas vu mes attirances pour Fabien puis Bertrand, sans doute l’ai-je bien caché, aussi.
Ma pauvre stagiaire adorée !
On part ensuite chez Lucie où Anne nous rejoint, on discute tous joyeusement puis il part, rapidement suivi par Anne qui avait un cours de rock (quelle dragueuse, celle-là ! J’espère qu’elle va se trouver un beau danseur, ça fera des choses à raconter pour le blog). Je reste donc à discuter avec Lucie, elle me raconte sa vie de stagiaire à l’IUFM et je ne sais si je dois rire ou pleurer. A un moment, elle me parle d’une nana qui vient de l’académie de Versailles et qui lui sort un jour, de but en blanc : « ben, tu vois, moi, l’an dernier, je suis allée au salon de l’agriculture et j’ai découvert que les poulets, ça avait des ailes ». Et je rappelle que cette demoiselle a son CAPES et sévit dans un collège où elle enseigne l’histoire et géographie. Mais elle croyait que c’était quoi comme bête, un poulet ? Et l’adjectif « aviaire » accolé à la grippe, ça l’a pas fait réfléchir un peu ? Bien, je demanderai à Lucie de me filer le nom de cette demoiselle pour ne JAMAIS inscrire ma progéniture dans l’établissement où elle travaille. Sinon, il y a une demoiselle que Lucie et ses amis adorent, celle qui intervient toutes les deux minutes en cours en débutant toutes ses phrase : « Alors moi personnellement, je pense que… ». Du coup, un collègue de Lucie est un jour intervenu en cours en multipliant les « alors moi personnellement, je pense que… alors nous personnellement, nous pensons qu’il faut appeler l’infirmière, personnellement, c’est ce que nous pensons. » Et forcément, Lucie se cache pour rire. Maintenant, je sais pourquoi je n’ai jamais voulu être prof.
Fatiguée, je repars de chez elle à 22h30, une migraine commence à se former sur mon œil gauche, j’ai trop fumé. Je rentre chez moi, mes parents ne dorment pas donc je vais discuter avec eux, je leur parle de mon partenariat avec over-blog rapidement (en omettant de dire que j’avais mon propre blog) et ma mère est plus que circonspecte : « les blogs, je sais ce que c’est, c’est là où des jeunes appellent à la haine ! ». Non, maman, ce n’est pas que ça. Mais j’ai beau lui expliquer, elle fait la gueule. Heureusement que mon père me défend. « Tu sais, m’explique-t-elle, je sais pas comment tu vis à Paris, j’ai l’impression que tu deviens une étrangère. » Oups, touchée. Mais je peux pas lui dire que je vole de bras en bras, de brouettes en brouettes, que je pars ce week-end en Bretagne retrouver Guillaume pour un week-end hautement indécent. Elle avait entendu parler d’Arnaud mais c’est tout. Ça me fout un peu le cafard.
Je monte sur l’ordi pour mettre mon blog à jour, j’y retrouve Bouc et Moustache (Guillaume est déjà parti se coucher) qui me fait lire son article en avant-première, celui où il raconte qu’il a enfin effacé le numéro de Catherine de son téléphone portable (lire ici). Je lui réponds que je n’en ai pas fait autant concernant Arnaud.
« Tu veux le rappeler ?
– Non, mais j’espère qu’il le fasse. Tu sais, j’arrive toujours pas à croire que c’est le garçon avec qui je sortais est celui qui m’a plantée comme ça.
– Si c’est lui.
– Je sais… Mais je n’arrive pas à lui en vouloir, je suis con hein ?
– Oui.
– Je me rends compte que j’ai pas tout réglé de ce côté-là… »
Il faut dire qu’une photo du jeune homme traîne à côté du PC familial et de l’avoir sous le nez, ça n’aide pas. Des fois, ça me manque de ne pas être dans ses bras, je m’y sentais si bien… Je crois aussi que mes retrouvailles avec Guillaume ont fait remonter pas mal de choses, le bonheur d’être à deux, mais pour l’heure, je crois qu’il n’est pas encore temps de me caser, j’ai encore des histoires à vivre. Je me couche avec un sacré mal de tête et en me glissant dans mon sac de couchage (oui, je dors dans un sac de couchage chez mes parents, ma chambre est en jachère), je me rends compte que Kenya a fait pipi dessus… Délicieuse fin de soirée.
Aujourd’hui, en rentrant chez moi, je me suis allongée, j’ai commencé à m’endormir puis, tout à coup, j’ai saisi mon portable. Au revoir le numéro de Benoît, au revoir le numéro d’un copain de Raphaël que j’avais rencontré au mois d’août… Au revoir le numéro d’Arnaud. Comme une conne, je me trompe de touche et j’appelle mais je raccroche aussi tôt, je ne pense pas que son portable ait sonné. Quand je l’efface, j’ai un petit pincement au cœur mais c’est mieux comme ça : il ne me rappellera jamais, de toute façon. Je me suis assez tournée vers le passé ce week-end, regardons désormais en avant.