Le travail, ce milieu profondément injuste

Aujourd’hui, je vous propose de faire d’une pierre, deux coups : pourquoi je déteste qu’on mette le travail au coeur de nos vies et pourquoi je n’aime pas Emmanuel Macron. Parce que les deux sont liés, en fait, vous allez voir. Parce qu’au fond, le milieu du travail est profondément injuste, c’est là où tu apprends que ça ne sert à rien d’être le meilleur voire d’être bon : il faut juste être stratège.

Réunion stratégique de travail
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C’est mon ancienne collègue Salima qui m’avait expliqué ça un jour alors qu’elle suivait un programme sur les femmes dans les entreprises (programme que je suis censée suivre aussi dans ma boîte mais après trois annulations du dej “pour en parler”, plus personne n’en a jamais plus parlé) : “Tu vois, souvent, quand un poste est à pourvoir, une femme va se défoncer sur ses dossiers pour prouver qu’elle est la meilleure. Un mec va aller traîner à la machine à café et taper la discute avec celui en charge de filer la promotion. Au moment de choisir, tu crois qu’il prendra la bonne élève ou le gars sympa ?” Et franchement, je le constate tous les jours. Ne voyez aucune aigreur dans mes propos. Ca me met en colère, j’ai encore eu la démonstration flagrante qu’une abondante couche de salive appliquée régulièrement et avec soin par la langue sur les parties les plus délicates des dirigeants assurera toujours une ascension rapide alors que ceux qui se contentent de leur loyauté se font bien marcher dessus.

Le fayot au travail injuste

Je suis une bonne élève et je me fais régulièrement baiser la gueule, doubler par la droite par des gens sans que je comprenne pourquoi et comment. J’ai eu beaucoup de colère par rapport à ça, j’ai quelques fois des remontées de bile quand je vois où je devrais être si l’ordre avait été respecté mais au fond, j’ai fait mon deuil de ça. J’ai essayé de jouer plus le jeu, lécher plus les culs et me montrer mais… Je lâche vite l’affaire, je n’y arrive pas. Ce n’est juste pas moi, je n’arrive pas à me faire violence. De toute façon, je n’ai plus envie d’être chef de quoi que ce soit, je cours après le sens, pas après le titre ronflant. Récemment, j’ai eu l’occasion de, peut-être, montrer un pôle social media dans une agence qui monte. J’ai refusé. Je ne veux plus faire ça, je reste fidèle à mes projections. Bye titre ronflant et salaire qui me fait péter dans la tranche supérieure niveau impôts mais parce que je refuse de me définir uniquement par mon travail, j’ai décliné.

Eva Green comme un chef

Le souci, c’est que si je suis résignée à être sur le bord de la route pour la suite de ma carrière, malgré les “oh, qu’elle est brillante, cette fille”, en parlant de moi, ça reste gonflant de voir que ce sont souvent les plus perfides et pas forcément les plus compétents qui grimpent les marches à toute vitesse. Je pense que vous avez tous au moins un exemple en tête. Et ce panier de crabe devrait être le centre de ma vie. Pleaaaaaaaaaaaase… De toute façon, mon rêve à moi serait de publier des romans, d’acheter une ferme à retaper en Grèce et en faire un centre de bien-être avec stages de yoga, bouffe vegan et/ou macrobiotique, café et académie des chats inclus. Oui, c’est cette histoire que je rêve de m’écrire, pas celle d’une meuf engoncée dans un tailleur et décolleté profond qui va raconter de la merde toute la journée pour ramasser ses dizaines et dizaines de k€. Déjà que je le fais un peu (mais je mets pas de talons et j’ai pas tant de k€ que ça, erf)…

Femme qui réussit

Et voilà pourquoi je déteste Macron, au fond (je l’avais pas oublié). Parce qu’il est l’archétype de tout ça. Le mec a suivi la voix royale, a toujours su jouer de ses relations pour parvenir là où il en est sans jamais avoir réellement prouvé sa compétence. Non mais attendez, le mec se présente à la Présidentielle sans jamais avoir exercé le moindre mandat nulle part… Tranquille. Il parle, il drague ceux qui distribuent les promotions (pas les plus pauvres donc pour qui il ne cache pas son mépris mais le mec t’explique qu’il est ni de droite ni de gauche alors qu’il transpire l’ultra libéralisme et que la notion même de solidarité semble lui donner la nausée). Il grille la politesse à tout le monde parce qu’il a vaguement occupé un Ministère pendant 3 ans et pondu une loi tellement mal foutue qu’il l’a passée au 49-3. Je veux dire concrètement, c’est quoi le bilan de Macron ? Personne n’en parle, CURIEUSEMENT. Parlons plutôt de sa femme, tiens, c’est vendeur ça (non). Mais comme le mec a bien su copiner avec les puissants et les propriétaires de journaux, on nous le vend comme un candidat crédible, celui qui va pouvoir faire barrage au FN et à la droite. Peut-être. Sauf que curieusement, dans mon entourage, personne ne va voter pour lui, à part ceux qui espèrent choper une place d’élu de son parti fantoche. Mais après tout, on l’a vu, c’est plus payant de faire la roue à la machine à café que de bosser dur sur ses dossiers (mais ça te parle de valeur travail, t’séééééé)… J’espère que l’électorat français ne sera pas dupe.

 

5 réflexions sur “Le travail, ce milieu profondément injuste

  1. Je comprends pourquoi tu n’aimes pas Macron mais j’ai une remarque. Quand tu dis « Non mais attendez, le mec se présente à la Présidentielle sans jamais avoir exercé le moindre mandat nulle part… » : certes, c’est vrai. Mais un bon dirigeant n’est pas celui qui sait tout mieux que tout le monde, qui peut résoudre à la fois les problèmes économiques et les problèmes sociaux (concrètement le Président ne fait pas tout : il a des ministres)… le bon dirigeant c’est aussi celui qui sait gérer une équipe et, surtout, celui qui sait s’entourer des bonnes personnes, des personnes compétentes. Un bon dirigeant n’a pas à être parfait lui-même.

    1. Je suis d’accord ni dans l’absolu moins et encore par rapport à Macron. Déjà sur ce dernier : je n’ai vu personne de réellement intéressant dans son équipe donc déjà les bonnes personnes, voilà. Ensuite, en général, j’ai déjà eu des managers jeunes qui « s’entouraient des bonnes personnes ». Sauf que quand on n’a pas d’expérience, on ne sait pas quoi en faire des bonnes personnes et ça finit mal. Voici une histoire vraie : j’ai travaillé un an et demi dans une start-up, on est passé de 6 personnes à mon arrivée à 12, grosse progression avec levée de fonds. Dans l’équipe, il y avait vraiment des gens compétents, carrés… La boîte a coulé juste après que je sois partie. Pourquoi ? Parce qu’on avait beau être bons, la personne au dessus n’a pris que de mauvaises décisions. Donc, vraiment, Macron, c’est encore plus non suite à ce commentaire.

      1. Evidemment, il ne suffit pas de s’entourer des bonnes personnes, il faut aussi écouter les avis de chacun et ne pas partir du principe que parce qu’on est le chef on a raison… L’expérience peut apporter, mais elle n’est pas forcément déterminante si on est ouvert aux personnes qui, elles, ont de l’expérience. Je reste convaincue qu’un chef n’a pas besoin de savoir tout sur tout… On ne cherche pas un homme providentiel, là. On cherche un chef d’équipe, un commandant de bord. Le capitaine d’un navire ne fait pas tout lui-même… Le mythe de l’homme providentiel qui sait tout sans s’appuyer sur personne et mène la barque avec sa seule expérience est impossible à réaliser… Même Louis XIV, qui pourtant, dans son idéologie, disait qu’il prenait toutes les décisions, ne pouvait pas le faire. Et quand il devait prendre une décision il écoutait chacun, sans dire un mot, il se retirait et il réfléchissait. Je ne dis pas qu’il était parfait, mais il avait au moins cette qualité-là d’essayer d’écouter les autres et de s’entourer de gens compétents dont il tenait compte de l’avis (Colbert, Louvois, Vauban…). L’homme providentiel qui sait tout, qui fait tout, qui a LA bonne solution au bon moment parce que sa sagesse lui a appris… mouais. A d’autres. De plus ce n’est pas parce qu’on a déjà exercer un mandat qu’on l’a bien fait. Et un mandat de maire, par exemple, n’a rien à voir avec le fait d’être président… un bon maire ne ferait pas forcément un bon président. Comme un bon joueur de foot ne fait pas forcément un bon entraîneur. Voilà, on cherche un entraîneur, un sélectionneur, qui va pouvoir gérer son équipe. Un chef d’équipe ne décide pas tout seul (ou alors c’est un mauvais chef d’équipe) : il tire parti des qualités de chacun. C’est ça qu’on cherche. Pas un homme providentiel. Je ne dis pas que Macron est ce chef d’équipe, mais je ne dis pas non plus qu’il ne l’est pas. Je dis que, potentiellement, il l’est peut-être et que l’argument de dire qu’il n’a jamais eu aucun mandat est un mauvais argument.

        1. Oui et encore une fois, je pense que Macron n’a absolument pas l’étoffe (je n’ai jamais envisagé de voter pour lui, il représente absolument tout ce que je déteste donc je ne situe pas trop l’intérêt d’essayer de me convaincre… Surtout en citant Louis XIV, grand démagogue et pas du tout narcisse comme chacun sait). Je n’aime pas la notion d’homme providentiel, ce n’est d’ailleurs pas du tout le sujet. Je dis juste qu’un mec qui sort de nulle part, ne roule que pour sa gueule, n’a jamais fait preuve d’une quelconque compétence, puisse prétendre diriger la France, ça me fait doucement marrer. Et le fait de ne pas pouvoir le dire sans avoir droit à un argumentaire détaillé (mais à côté de la plaque) m’inquiète assez, à dire vrai.

          1. Je pense que tu as mal interprété mon intervention… je ne cherche absolument pas à te convaincre, je cherche juste à discuter et comprendre… dans un débat, convaincre ne m’intéresse pas. Comprendre et me faire comprendre oui. Donc encore une fois, je ne cherche pas à te convaincre, te convaincre ne m’intéresse absolument pas et n’est pas mon objectif.
            Je savais qu’en citant Louis XIV je m’exposais à ce genre de remarque… Il avait des défauts, mais aussi des qualités, comme chacun ! Et puis, Louis XIV narcissique par nécessité, à cause du traumatisme de la Fronde, je pense, et surtout par idéologie. La « certaine science » et tout ce qui est mis en avant relève de l’idéologie de l’absolutisme et du pouvoir royal, c’est une mise en scène et il faut tirer de cette mise en scène la réalité…
            J’ai parlé d’homme providentiel parce que ta réponse m’a fait penser à ça… le fait que tu l’attaques sur ses compétences alors que, encore une fois, on ne demande pas à un chef de tout savoir…
            Je ne comprends pas la fin de ta réponse, et ce que je crois en comprendre et en percevoir me peine et me surprend… Tu t’inquiètes du fait que quelqu’un souhaite discuter avec toi d’un point comme celui-là ? Ca te surprend que quelqu’un qui a un truc à dire le fasse sans se retenir alors que toi-même tu dis ce que tu penses ? Ou peut-être que ce qui te surprend c’est que je ne t’agresses pas comme les rageux qui traînent parfois pour te dire tout ça… je ne comprends pas en quoi mes interventions te gênent… à partir du moment où tu publies sur le net et que tu ouvres les commentaires les gens peuvent répondre. Parfois les réponses peuvent paraître à côté de la plaque, comme tu dis, parce que les personnes ne t’ont pas comprises, que tu ne t’ais pas faite comprendre ou que ces personnes ne ce sont pas faites comprendre. Parce qu’entre ce que l’on pense dire et ce que l’autre comprend il y a toute une chaîne où l’on perd du sens un peu plus à chaque étape. Tu vas peut-être encore dire que je divague complètement à côté de la plaque… mais moi, s’il y a une chose qui m’inquiète ici, c’est que tu sous-entends que je m’en prends à ta liberté d’expression (« Et le fait de ne pas pouvoir le dire sans avoir droit à un argumentaire »). C’est ce que je pense comprendre de ce que tu me dis. Et ça me laisse… assez pensive. Si tu n’as pas envie de discuter avec moi parce que tu as l’impression de devoir te justifier, dis-le comme ça, plutôt. Parce que m’en prendre à ta liberté d’expression n’est pas davantage mon objectif que de te convaincre que tu as tort et moi raison. Tu sais pourquoi ? Je ne cherche pas à te convaincre parce que j’ai profondément intégré que les avis que l’on avait sur ce genre de questions (sur tout, mais sur ce genre de questions en particulier) était dépendant de notre expérience (et on en a encore un exemple dans l’exemple personnel que tu as cité), nos convictions profondes sur le sens de la vie, le mérite, tout ça. Et que donc convaincre les gens sur ce genre de sujets est quasiment impossible avec des mots : seule l’expérience le peut. Je ne cherche pas à te convaincre parce que j’ai profondément intégré que les gens ne se laissaient pas convaincre si facilement et que l’important ce n’était pas d’avoir raison et de persuader ou convaincre l’autre mais d’ouvrir la réflexion, la discussion, et la compréhension. Je ne cherche pas à te convaincre parce que ça ne fait pas partie de ma personnalité et de mes aspirations. Je cherche à comprendre et discuter. Si tu t’es sentie agressée par mes interventions je m’en excuse, ce n’était pas mon intention et je suis désolée que tu ais dû te mettre dans une position défensive. Pas mal de gens voient le débat comme un combat, j’en avais même fait un article d’ailleurs, mais un débat ce n’est pas ça, c’est une exposition des idées, un moyen, un chemin, pour se comprendre. Parce que oui, je pense que l’on peut comprendre les autres même sans partager leurs idées. Mais puisque ma présence ici te dérange et te donne l’impression que ta liberté d’expression est remise en cause alors je m’en vais.

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