La médisance est une manipulation

Débutons cet article par un aveu : je peux être une belle langue de pute. Parfois, je suis saoulée et celui ou celle qui a provoqué cette fatigue va en prendre pour son grade. Dans son dos la plupart du temps, oui. C’est mal ? Ca dépend.
langue-vipere
Pour moi, la médisance a toujours été une sorte de soupape. Mise en situation pour expliquer le machin. Imaginons que je sois super copine avec Louise, une fille dont j’apprécie énormément la compagnie. Oui mais voilà, Louise a un travers qui m’agace ou a réagi de façon qui me paraît incongrue. Bref, ça gratte un peu. Nous avons face à nous deux solutions : vider son sac ou se contenir. Evidemment, si le problème empoisonne nos relations, il faut parler mais parfois, on sait que ce n’est rien, une petite tracasserie qui n’a pas d’importance, qui nous paraît chiante parce qu’on n’est de mauvaise humeur. Pas la peine d’en chier une pendule à 13 coups mais on a besoin d’en parler histoire d’évacuer donc plutôt que de provoquer un drame, on vide son sac auprès d’une tierce personne. On parle puis on oublie. Parfois, ça m’amuse de médire juste pour brosser des portraits un peu au vitriol de personnes de mon entourage. Parfois, je médis car j’ai peur d’exploser à la figure de quelqu’un qui ne le mérite pas forcément ou que j’ai peur de blesser.
triste
Mais chez certains, la médisance est une stratégie. Premier effet évident de la médisance : descendre quelqu’un. On va mettre un peu en situation. Vous venez d’arriver dans une nouvelle boîte, vous voilà à la machine à café, escorté par Carole, votre collègue qui a l’air drôlement sympa. Mais a-t-elle tourné le dos qu’on vient vous prévenir. On pouvant être un homme ou une femme, j’ai entendu pas mal de saloperies de la part de mec, la médisance n’est pas typiquement féminine. Donc mettons que le médisant ou la médisante soit Alex(andre ou andra). A peine Carole s’éloigne-t-elle de vous, donc, qu’Alex débarque « tu sais, Carole, tu devrais te méfier car [truc à la con] ». L’avertissement peut parfois être sincère mais de façon générale, on est assez grands pour constater rapidement que Carole est pas seule dans sa tête, si tel est le problème. Mais peut-être qu’Alex n’a pour seul but que de démonter Carole car ils sont en concurrence pour un poste, par exemple, et ça sape méchamment par derrière pour prendre l’ascendant. Ou il y a eu un truc entre Alex et Carole, ils/elles ne se parlent plus et, même si vous en avez franchement rien à foutre, vous êtes censé devoir choisir un camp.
cindirella-stepsisters-tearing-dress
Mais il y a dans la médisance un 2ème effet Kiss Kool, plus pervers : on vous manipule. Pas tellement pour détester Carole finalement mais plutôt pour aimer Alex. Ah cet-te Alex, quelle crème ! Il/elle me fait vachement confiance, tu vois, il/elle me prévient des gens dont je dois me méfier, on devient amis et on se confie nos amitiés… et surtout nos inimitiés. Qu’est-ce qu’on s’est marrés l’autre jour en se foutant de la tronche de cette pauvre Carole. Car oui, la médisance reste un lien social, un « nous contre les autres cons ». Les médisances sont enrobées pour passer pour des confidences, pour des marques de confiance. On dézingue tout en prenant l’autre sous notre influence. Manipulation basique mais au fond, les amitiés se construisent aussi grâce à des « ennemis » communs. Le manipulateur observera qui vous aimez et surtout qui vous agace et attaquera là. « Tu l’aimes pas Carole ? Ohlala mais moi non plus ! Viens, prenons un café et vidons notre sac ». Et puis, plus on convainc l’autre qu’on sait choisir les bonnes personnes, ou non, plus il sera facile d’influencer. La médisance ne serait alors qu’une sorte de pied dans la porte, une première marche dans la manipulation.
shadow-puppets
Je parle du monde du travail mais ça arrive aussi dans la vie privée. Parce que des fois, des gens ont besoin de se construire une sorte de harem amical dont ils sont le roi ou la reine, un harem construit sur la détestation de ceux qui ne sont pas admis dans le cercle pour diverses raisons. D’ailleurs, le jour où vous commencez à soupirer devant tant de méchanceté idiote, rassurez-vous, c’est sur vous que ça va commencer à persifler dès que vous aurez le dos tourné. Je vous jure, ça existe, ça m’est arrivé. Mais à un moment, quand on n’a que des médisances à se dire, une alarme finit par s’allumer dans mon cerveau : soit tu n’as rien à me dire, soit tu cherches à m’endormir pour mieux m’influencer. Quoi qu’il en soit, rien de bon pour moi.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *