A partir de là, on se rencontrera pas

Une histoire sur un site de rencontre, ça commence toujours par un mail. Oui, les flashes, charmes, pokes ou je ne sais quoi, je compte pas ça comme un contact ! Le premier mail est souvent de type “Hey salut [commentaire sur une photo genre “tu me plais” ou sur les informations entrées sur le profil genre “y a pas que ton cul qui m’intéresse” même si c’est parfois faux], à bientôt ? Prénom”. Si la personne vous intéresse, vous répondez et s’engage une conversation. Mais plus la conversation par mail s’éternise, plus votre histoire sent la croquette. D’ailleurs, à partir de là, on devrait écrire histoire avec un minuscule H.

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Le mail est censé être une sorte de préliminaire amoureux. On s’échange quelques banalités avant de vite lancer la seule question qui nous intéresse “quand est-ce qu’on se voie ?”. Seulement parfois, la conversation s’enlise. On parle, on parle… et on parle. De tout, de rien, de la vie, du mauvais temps, de ce qu’on a mangé et de ce qu’on regarde à la télé ou de ce qu’on lit… Ca continue, encore et encore, on ne sait finalement toujours pas grand chose de l’autre mais l’idée de se rencontrer n’apparaît toujours pas. Et à un moment, tu te rends compte que tu as échangé plus d’une centaine de mails pour ne rien dire et là, tu le sais : ça ne se fera jamais.

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Evidemment, parfois, l’autre est loin donc en attendant un rapprochement géographique, ça occupe. Mais si la personne et vous êtes dans la même ville, pensez bien qu’à un moment, trop de mails noie votre relation. Les préliminaires, c’est super sympa mais au bout de 2h de papouilles, soit je m’endors, soit mon corps est devenu tellement hypersensible qu’à la prochaine caresse, je file un coup de pied.

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Et puis faut savoir passer la seconde. Une relation épistolaire est bien charmante (à condition de rentrer un peu plus dans l’intime, deviser sur le superficiel n’a pas grand intérêt) mais quand deux personnes souhaitent réellement se rencontrer, elles n’attendent pas 107 ans si elles peuvent facilement le faire. Surtout que la relation épistolaire peut avoir un effet pervers : créer des sentiments pour une personne qui n’existe pas vraiment. Vu que ce fut ma spécialité dans ma prime jeunesse, je sais précisément de quoi je parle. On échange, on se livre, on dessine de l’autre un portrait idyllique grâce au matériel qu’il nous donne, on tombe amoureuse d’un mythe. Et j’ai pas besoin de vous expliquer en quoi c’est pas bon. A l’arrivée, le décalage entre vos fantasmes et la réalité est violent, vous vous plantez et vous souffrez à en perdre sommeil et appétit alors que vous n’êtes finalement tombé amoureux que du personnage principal du petit roman que vous vous êtes écrits.

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Et puis se voir n’empêche pas la conversation, vous n’êtes pas obligés de vous retrouver à poil au bout de 2 mn… Même si être à poil n’empêche pas non plus la conversation, les fameuses conversations sur l’oreiller, c’est pas mal aussi. Mais les mots sont trompeurs. On habille de syllabes la réalité, on la travestit, on ne montre que ce qui nous plaît sans avoir de grandes difficultés à cacher ce qui nous paraît moins valorisant. Avec des mots, je peux dessiner un moi si différent, si je veux… Evidemment, on pourrait s’étonner d’une telle stratégie : quand l’autre verra l’ampleur de l’arnaque, il prendra ses jambes à son cou. Mais peut-être est-ce vous l’arnaquée, vous pensez parler au sosie d’Henry Cavill au métier prestigieux qui fait preuve de tant de finesse d’esprit mais s’il le faut, votre interlocuteur n’a ni le physique, ni le prestige et même pas tout à fait l’intelligence qu’il prétend avoir (on trouve de si belles phrases prêtes à copier/coller sur le web sur tout un tas de sujets). Bref, même si ok, passons au dessus des apparences car cet homme, on a ressenti quelque chose pour lui blablabla, reste que partir sur un mensonge n’est jamais une bonne idée.

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Donc si la rencontre traîne c’est soit que vous n’êtes pas si intéressés l’un par l’autre que ça, soit que quelqu’un a la trouille de ne pas ressembler à l’image qu’il a donné… Bref, ça n’annonce pas forcément que du bon.

9 réflexions sur “A partir de là, on se rencontrera pas

  1. Bonjour!
    c’est exactement ça. Comme je connais ma propension à me faire des films (à l’eau de rose), à idéaliser l’autre, en général, si je sens que ça peut le faire, je le rencontre dans la semaine, on se plait: ok, il ne me plait pas, je lui dis cash que ça n’ira pas plus loin (d’ailleurs, ça me fait penser que je suis peut-être passé à côté de mec bien?…non!…non?…non!!)
    Bonne journée!

    1. Ben, c’est marrant, je crois qu’on a toujours un peu de mal à admettre nos attirances physiques. Je veux dire, tu peux tenter l’expérience avec un mec qui ne t’attire pas à priori, je suis pas sûre que ça aille en s’arrangeant. Je veux dire le désir fait partie de la relation et s’il n’y en a pas… Après, la bonne nouvelle, c’est que tous les goûts sont dans la nature donc si ce garçon ne te convient pas, il conviendra à une autre. 🙂 Puis le passé étant ce qu’il est, inutile de pleurer sur les occasions manquées ! Soyons philosophes : si ça ne s’est pas fait, c’est que ça devait pas se faire :p

  2. Du vécu aussi pour moi, c’est dur parfois de sortir de « l’online friend zone »! Le truc c’est que c’est tellement rare de passer le cap du 1er mail de banalités (enfin, si nos critères de tris orthographiques sont un peu sensibles), que quand on arrive à avoir une conversation un peu plus poussée, on en profite. Bon et arrive un stade où on est peut être pas sûr d’avoir cette même capacité à discuter, de vive voix. Et sans trop s’en rendre compte on glisse dans du only online. Ou l’autre se lasse et n’ose pas proposer (ou s’imagine qu’on a de bonnes raisons de ne pas vouloir se rencontrer). Bref, ma conclusion a été d’arrêter les prises de contact online qui ne font que de rajouter de la distance à un contexte déjà assez inhibant. Pas sûr que ça soit la meilleure option, cela dit!

    1. Oh très bonne analogie avec le friend zone, c’est tellement exactement ça !! Arrive un moment où l’autre passe de potentiel à « pote de conversation ». C’est vrai que je me lasse mais au bout de quelques semaines, j’ai la vague impression de me faire balader donc bon… Pour finir, j’avais envisagé d’écrire un article sur le côté « on a jamais été aussi seuls que depuis qu’on est hyperconnectés », ça me fait penser à ton « inhibition du contexte » (de prilme abord, une prise de contact virtuelle paraît + simple), les paradoxes du virtuel

  3. C’est clair, il faut se rencontrer dès le soir de la première conversation, comme ça tout reste spontané, et on moins si la fille ne te plait pas, tu ne perds pas ton temps à taper sur des touches et à vouloir faire le beau pour une personne que tu ne voudras pas retrouver au fond de ton lit.

    1. J’aurais pas été si brutale dans mon jugement (on peut aussi ne pas perdre de temps à discuter, j’ai déjà passé de bonnes soirées avec de mecs ne m’attirant finalement pas et avec qui j’ai pas couché)… Juste que bon, ça évite de se faire des films sur un personnage et non une personne

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