Et toi, comment tu consommes ?

Lors de mon séjour à l’Ile du Levant, nous avons eu droit à la projection en avant-première mondiale (ouais, c’était que la 3e fois que le film était diffusé dans tout le monde entier, rep a sa, blogueurs influents) du dernier film de Yann Arthus Bertrand, Planète Océan.

Je passerai outre le personnage de Yann Arthus Bertrand, je n’ai pas très envie de débattre sur lui, d’autant que je n’ai pas de réel avis sur la question. Contrairement à certaines personnes présentes qui ont profité du débat pré film pour soulever une délicate question de posidonie que nous n’avons pas comprise. Pendant le film, ça parle de pêche intensive avec de gros filets qui embarquent tout, y compris les phoques et les dauphins, les requins marteaux éviscérés sur une simple coquille de noix… Sans parler des fermes d’élevage et co. Bref, à la fin du film, avec Anaïs, on se dit qu’on devrait ne plus jamais manger de poisson de notre vie (logique fonctionnant avec la viande au passage).

Petit débat avec des co stagiaires suite au film “si on fait attention à ce que l’on consomme, pourquoi se priver ?”. C’est vrai que psychologiquement, j’ai un peu de mal à me dire que je ne mangerai plus jamais de viande ou de poisson (ou pire de fruits de mer) de ma vie. C’est pas que j’en mange tous les jours, bien au contraire, mais c’est un peu comme l’alcool : de temps en temps, ça fait bien plaisir. Après tout, moins d’un mois plus tôt, on s’enfilait des fruits de mer à Honfleur.

Pourtant, je me dis que continuer à consommer de la viande/poisson n’empêche pas de consommer intelligemment. Du genre quand je vais au supermarché, je fais attention à l’origine des produits, ce qui vaut au passage pour les fruits et légumes. Pas de fraises d’Espagne ou de framboises des Etats-Unis. Idéalement, je devrais ne plus regarder certains produits comme les ananas, grenades et co… Mais si j’en mange raisonnablement, ça va non ? Même si là, ça me pose la question des producteurs locaux. Est-ce qu’en boycottant certains produits, on ne nuit pas aux revenus de populations moins aisées ? Pour le poisson, le problème, c’est qu’en général, la “mauvaise” pêche est plus le fruit d’énormes chalutiers industriels que de pauvres pêcheurs sur leur petite coquille. Quoi que le requin marteau, il n’était pas découpé sur un chalutier, hein… Solution à ce problème : acheter équitable, dans la mesure du possible.

Revenons en à notre poisson. Où j’en mange en général ? A la cantine (tu peux d’ores et déjà abandonner l’idée d’un poisson équitable, c’est du surgelés par lot de 50…) ou au restaurant. Et d’où il vient le poisson du restaurant ? Ben je sais pas…

En fait, ce qui est limite déprimant, c’est qu’on ne se sent pas tellement encouragés dans une consommation responsable. Si tu cherches pas les infos, tu ne les as pas d’office et faut bien scruter les étiquettes. Et puis la provenance du poisson ne dit pas s’il a été péché de façon responsable ou dans un très large filet de pêche qui a ramassé des tas de poissons dont on ne fera rien à part les rebalancer morts à la mer. Je me pose la question de la poule et de l’oeuf : aurons-nous cette information car nous serons de plus en plus nombreux à vouloir être sûrs de bien consommer ou c’est en ayant cette info que nous y serons naturellement plus attentifs ?

Ce serait intéressant d’imposer aux marques un commerce plus juste et équitable, non ?

3 réflexions sur “Et toi, comment tu consommes ?

  1. Le problème c’est que justement, on ne peut rien imposer. J’avais eu ce débat sur les questions du bio avec une amie… sur le fait que Delanoe a imposé une journée de bio dans les menus des cantines à Paris. Personnellement, je trouve que c’est une bonne chose et que c’est déjà ça… en face on me rétorque : oui mais bon, une journée ça sert à rien. Une journée, c’est peu, mais à l’échelle de toutes les écoles parisiennes c’est énorme pour les producteurs locaux.
    Idem dans ma cantine : une journée par semaine c’est du bio de A à Z (c’est déjà le cas tous les jours pour les légumes) et du local. De toute façon, comme c’est le ministère de l’agriculture, y a pas trop de souci avec la provenance, tous les produits sont directs du producteurs ou quasi. Le bio étant souvent étiqueté « responsable », ça passe.

    Pour ce qui est de l’aspect équitable, c’est la même chose. On ne peut rien imposer, on ne peut que s’imposer à soi-même. Ou réglementer. Pour avoir pu suivre de près la négociation sur la réforme de la politique commune de la pêche… ça a été EPIQUE de réussir à obtenir un quota de réduction de rejet (on estime à près de 50% les rejets des bateaux de pêche, c’est à dire des poissons morts qu’on refout à la flotte pour X ou Y raison). Sans même parler de l’interdiction des filets en eaux profondes… avec les effets que ça pouvait avoir sur la flore marine.

    Pour ce qui est du poisson et des produits de la mer, le gros problème c’est qu’on n’a pour l’instant eu aucun drame sanitaire majeur. Concernant la viande, avec la vache folle, le consommateur a pris l’habitude de regarder un peu la provenance de la viande. Pour les légumes/fruits, il y a eu les problèmes liés aux OGM qui ont fait la promotion du bio. Mais pour la pêche… à part l’Erika qui a fait s’intéresser au littoral, il n’y a rien eu qui permette une prise de conscience collective sur le mode de consommation. Du coup, les distributeurs n’ont toujours pas le réflexe d’étiqueter « Pêche responsable » et il faut chercher longtemps pour trouver le précieux label.

    Bref. En gros, sans scandale majeur, point de salut. Et je ne parle même pas des tarifs prohibitifs de la consommation responsable qui font que c’est forcément un « problème de bobo ». Et in fine, c’est bien pratique de dire que le bio, l’équitable, etc… est un problème de bobo : non seulement ça permet de continuer la stigmatisation des parisiens, mais en plus ça évite de devoir se poser la question au delà des frontières du périph.

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