L’homophobie au travail

Par Bobby

Bon, comme tu le sais, cher lecteur, je bosse depuis peu à MacDo comme équipier. Comme tu le sais également, j’en fais le résumé quotidien sur mon blog. Mais voilà, sur mon blog, il y a quelques chose que je n’ai pas raconté, et je vais te le raconter à toi.

L’autre jour, un autre équipier, M., vient bosser avec nous en cuisine. Il est là depuis beaucoup plus longtemps que moi, et d’après ce que j’ai compris, il n’a pas l’intention de rester. M., c’est le rigolo de service, le boute-en-train sur lequel on a oublié d’installer un bouton STOP. Ceci dit, sympa de prime abord. Tout le temps à me taquiner, mais gentiment. Je suis petit, je suis nouveau, je suis adorable, normal. Et puis il se met à me parler de « meufs ». Normal, encore une fois, à part les « meufs », les équipiers MacDo ont peu de sujet de conversation. Comme il insiste, je lui dis cash « ben écoute tu sais moi les filles c’est pas trop mon truc ». Je me disais qu’il était sympa, que ça n’allait pas faire un scandale. Et puis merde, j’ai rien à cacher, je vais pas jouer à mentir, j’ai pas que ça à faire (quand je dis « j’ai pas que ça à faire », je sous-entends que j’ai à faire des hamburgers à la place). Du coup, le mec est choqué et se met à me balancer réflexions sur réflexions, naïves et pas bien méchantes d’abord, du style « alors, et ça fait quoi ? », « et tes parents ils le prennent comment ? », « et pourquoi t’es… comme ça ? ». Puis indiscrètes et connes, du genre « t’es actif ou passif ? », « t’habites dans le marais ? », « c’est quand la gay pride ? ». Et pour finir, ça part en live. Dès qu’il voit un autre équipier, il lui lance « oh, tu connais pas la nouvelle ? ». Dès que je passe vers lui « holà me drague pas hein ! », ou alors « bon, je vais faire du remplissage… mais rien de sexuel hein ! Y en a ici qui pourraient avoir de mauvaises pensées, hein Bobby… ». Déjà, je commence à trembler et à m’énerver. Je réponds avec humour, parce que voilà, j’ai voulu jouer le mec qui assume, j’ai pas intérêt à flancher, même si c’est dur. Je dois le prendre à la rigolade, même si j’en ai marre, même si ça me fait mal, même si personne ne dit rien pour qu’il ferme sa gueule alors que tout le monde
l’entend. Et pour finir, une avalanche de « mais ça va hein Bobby, c’est pas grave hein… » à répétition. Je me suis donc emporté, je lui ai demandé de fermer sa grande gueule de con parce que ça me déconcentrait. Et là, ce connard me balance : « oulà, tu vas rester poli avec moi, parce que sinon ça va mal se passer pour toi et je peux devenir très méchant ».

C’est clair, moi je fais 1m63, et lui trois têtes de plus et ses bras font la taille de mes cuisses. Donc je ferme ma gueule. J’ai envie de balancer les BigMac, de crier « ok, ben je me casse de cet endroit de merde bande de connards », d’aller dans la salle équipier et de pleurer de colère pour me calmer. Mais non, je reste là, je continue à bosser, je me plante dans mes sandwichs mais tant pis, je reprends à zéro, je continue.

Merde quoi, on est en 2008, et on en est toujours là ? Il faut encore mentir sur son lieu de travail quand on est pas comme les autres ? Quand est-ce qu’on leur expliquera, à ces gens que :

1/ être gay n’est pas un choix

2/ être gay n’est pas dû à une mauvaise expérience avec les filles

3/ être gay n’est ni une maladie, ni un problème

Le pire, c’est qu’il est pas méchant, ce bougre. C’est un type comme un autre, juste un peu con, et pas très renseigné sur la question. Dommage que, au passage, ça fasse autant de dégât dans la tête de quelqu’un déjà bien érodé par la connerie humaine à vingt ans à peine.

9 réflexions sur “L’homophobie au travail

  1. Ce genre de situation est tout bonnement inacceptable. Bien spur que ce type peut se casser en deux s’il le veut, mais ce n’est pas sur le terrain physique que tu vas le battre !
    Ecris une lettre recommandée (j’insiste) à ta direction, adresse toi à une association, ou mieux, à la Halde. Ne le traite plus de con, réponds lui sèchement, mais sans l’insulter surtout ! Par contre, ne te prive pas de lui envoyer à ton tour quelques vannes bien senties, en lui rappelant par exemple que les dernières perso qui se sont tellement intéressés à l'(homo)sexualité de leur voisin c’était les nazis (elle est facile mais elle peut le calmer).
    Et surtout implique ta direction. Le harcèlement moral est passible de peine de prison et l’employeur mis au courant sans réagir peut également voir sa responsabilité engagée.

  2. Et encore Bobby, et encore, tu vis à Paris… c’est limite « branché » d’être gay… (anecdote authentique: j’ai même entendu des filles qui disaient vouloir « essayer d’être gay », comme ça, comme on s’essaye à la guitare ou la coupe au carré… Wouou!! être gay, c’est trop mode!!) Personnellement j’en connais un qui habite dans le trou du cul de la campagne…et c’est à la limite de l’étoile rose!
    Menfin oui, je pense que bcp de gens, et à 99% des hommes (qui doivent voir ça comme une sorte de menace à leur précieuse virilité… ) réagissent comme ça parce que ça doit les mettre mal à l’aise, donc du coup ils en rajoutent une, deux, 47 couches pour faire « mec décontracté qu’a pas de pb avec ça ».
    ….ou alors ils sont cons, aussi, des fois, hein.

  3. Ca, c’est du boulet de niveau intergalactique. On sent bien le mec qui ne connaît pas de gays et ne sait qu’en penser. Pourtant, il me semblait qu’au XXIe siècle, on savait que :
    – l’homosexualité n’est pas une maladie et donc, ce n’est pas contagieux.
    – les homos ne sont pas des violeurs
    – les homos n’ont pas envie de se taper tous les mecs de la Terre et surtout pas les relous.

    Je suppose qu’il aurait le même comportement avec un musulman : « mais pourquoi cette religion, ça vient de tes parents » « hé, fais pas sauter de bombes, hein! ». Une belle intolérance qui vient en général d’une inculture crasse. Mais en attendant, à vivre, c’est pénible.

  4. putain j’arrive pas à le croire. Même si c’est pas méchant c’est inadmissible. Oui comme dit Copa tu peux faire tout ca mais ca ne fera pas avancé les choses selon moi à grande échelle, en revanche lui faire comprendre que c’est pas parce que tu es gay que tu as envie de te faire tous les mecs qui passent ca peut peut etre le faire cogiter. moi j’essaierai la méthode douce avant de passer à l’action radicale. Surtout que tu ne vas pas passé ta vie au mac do. en tout cas suis de tout coeur avec toi!

  5. il n’est peut-être pas méchant, mais il est franchement con !!!

    qu’est-ce qu’on s’en fou de savoir si qqu préfère les hommes ou les femmes ? ça change qq chose à ta manière de faire les dwitchs ?

  6. Ce comportement est certs inacceptable mais malheureusement il y en a des con spartout… Ce pas mon truc non plus mais quand c’esst entre 2 adultes consentants, ou est le problème?

  7. En fait, j’ai l’impression qu’il t’a pris pour cible effectivement parce que tu étais gay. Aurait-il eu des réflexions similaires avec une coéquipière ? Toujours est-il qu’il pratique envers toi, outre des réflexions homophobes (une fois, se faire taquiner, ça passe, deux fois, trois fois, toute la journée, stop !), un harcèlement sexuel. Pense éventuellement à en toucher deux mots au Manager.

    Eventuellement, enregistre sur un dictaphone (ton téléphone fera peut-être l’affaire, la plupart ont ce genre de fonctions, sinon, appelle un numéro qui enregistrera de l’autre côté ; fais une simulation entre amis pour voir si ça passe dans le bruit habituel des cuisines) ses attaques à répétition et fais en une copie que tu garderas à jamais.

    L’idée est de montrer que :

    – tu ne provoques pas ce harcèlement ;
    – que tes demandes d’arrêt ne mènent à rien ;
    – que ce harcèlement se répète (sinon, ce n’est pas un harcèlement), quitte à enregistrer plusieurs séquences dont une personne pourra confirmer les dates.

    Auprès du Manager, si celui-ci ne comprend pas le problème, fais lui comprendre éventuellement que tu préfères ne pas travailler avec lui, mais puisque le Manager est au courant, il engage sa propre responsabilité. Mais à partir de là, n’espère plus de rester au sein de l’entreprise. En fait, à partir du moment où un harcèlement — moral ou sexuel — débute et que le bourreau ne comprend pas ce qu’il provoque, il n’y a que deux solutions : le bourreau ou la victime quitte l’équipe. Point.

  8. Alors comme dit plus haut, n’oublies pas que c’est LUI qui est dans son tord, pas toi.
    Parles en a ton supérieur, c’est à lui de calmer le jeu.

    > Et là, ce connard me balance : « oulà, tu vas rester poli avec moi, parce que sinon ça va mal se passer pour toi et je peux devenir très méchant ».
    Moi non plus je ne suis pas bien grand, et pas particulièrement costaud. Mais ce n’est pas une raison pour ce laisser intimider !
    Il va devenir méchant ? sans blague ? et il va faire quoi ?
    Te casser la gueulle en direct live de son lieu de travail et devant témoins ? Bravo, il a gagné le droit de se faire virer.
    T’attendre à la sortie et te péter la tète sur le parking après avoir passé la journée à t’insulter devant témoins ? Formidable, tu n’as plus qu’à aller voir la police, il est en garde à vue dans l’heure qui suit…

    C’est LUI qui enfreint la loi, ne te gène pas pour le lui faire remarquer.

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