Un certain art de vivre

Comme tu le sais, lecteur, je vis dans une bulle médiatique, je bouffe de l’info à longueur de journée, parfois parce que j’en ai envie, parfois parce que je n’ai pas le choix. A
chaque fois que je jette un œil sur mon netvibes, j’ai les dernières dépêches AFP (bon, ok, c’est moi qu’ai demandé)… Donc je lis pas mal de choses, j’entends ou je vois à la télé sur la vie, sur nos façons de vivre. Et là, je me rends compte qu’on ne sait plus vivre.

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En début d’année, vers février ou mars, Tatiana et moi sommes allées à une expo sur la pub, très sympa mais bizarrement agencée. On voit des vieilles publicités du début du siècle
qui vantent les mérites de la clope, de l’alcool, détente, convivialité, etc. Aujourd’hui, c’est impensable. L’alcool peut encore s’afficher dans les magazines mais c’est mal de boire, c’est écrit dessus. Je regarde ces pubs et je me dis que la vie a bien changé. Oui, c’est plaisant de boire un verre en fumant une clope sauf qu’aujourd’hui, on a toujours une petite voix qui nous rappelle que tout ça est mauvais pour nous, qu’il faut boire avec modération sinon attention à l’ulcère et aux bébés déformés et pas fumer du tout parce que déjà que la pollution nous file des cancers, si en plus, on fume, hein… De façon générale, aujourd’hui, j’ai l’impression qu’on ne peut plus vivre. Bouffe ? Ne mange ni trop gras, ni trop sucré, la viande, tu vas choper Creuzfeld Jacob, les produits laitiers ? Et la listéria alors ? Du poisson ? Beurk, non, ils sont élevés en captivité avec des farines animales, Creuzfeld Jacob, le retour. Bon, alors je deviens végétarienne. Ah ben non, les légumes, c’est des OGM, on sait pas trop ce que ça peut déclencher. Bon alors, je peux manger quoi ? Rien. Bon, ben, je vais crever, je reviens.

La technologie, aussi, est coupable. Le micro ondes, les ordinateurs, les mobiles, le wifi, tout ça, ça fait des ondes qui provoquent des tumeurs du cerveau, on va donc tous crever
à priori. Bah oui, les ondes traversent aussi les murs des gens qui n’ont pas tout ça donc voilà. Le sexe ? Je vous ferai pas la liste des MST. En plus, il paraît que d’avaler plus de 6
spermes différents (dans une vie, pas en même temps !) provoquerait un cancer de la gorge. J’attends l’étude qui démontrera que les pelles favorisent les inflammations des amygdales. Bref, quoi que l’on fasse, on nous explique que c’est dangereux, que ça va provoquer des cancers et tout ça.

 Du coup, on ne profite plus vraiment. Quand je fume, je culpabilise, quand je mange gras, je me dis que c’est mal, quand je bois plusieurs soirs par semaine, je me dis que je dois

me calmer… C’est assez paradoxal, quelque part. La plupart des magazines se sont dotés d’une rubrique « bien être » mais on se rend compte que rien n’est bien, que tous nos
comportements sont potentiellement cancérigènes ou autre. Même si tu vis dans une bergerie sans électricité dans un endroit non pollué en mangeant tes propres aliments et ta propre eau, tu ne te laveras pas comme il faut et tout, tu choperas des bactéries, tout ça, tout ça.

 J’avoue que j’en ai marre. Que j’ai envie de dire stop. Oui, nos vies sont malheureusement dangereuses car l’homme est menacé par 150 000 bactéries et infections, que certains

de nos comportements peut les favoriser, ok. Puis-je décemment reprocher aux médias de nous tenir au courant de ce genre de recherches et de résultats ? De toute façon, cachez à la
population que tel produit est dangereux, le jour où ça se sait, ça fait un terrible scandale. Alors, oui, on a le droit de savoir et on n’a pas le choix, à la limite. Mais je me pose la
question : ne profitait-on pas plus de la vie avant, quand on ne se rendait pas compte que chacun de nos gestes nous amenait plus rapidement vers une mort lente et douloureuse ? Puis-je décemment fumer une clope sans que 3 personnes me parlent du cancer que j’attraperais peut-être ? Puis-je boire un verre en soirée sans que quelqu’un me parle de mon foie (bon, ça, ok, c’est beaucoup plus rare). Ne prenez pas cet article pour ce qu’il n’est pas, je ne dis pas « laissez moi vivre ma vie comme je veux, je vous emmeeeeeeeeeeeeeeeerde », absolument pas, c’est vraiment un « serait-on pas plus heureux si on ne savait pas ». Parce qu’à force de lire et d’entendre tout ça, la question n’est plus « aurai-je un jour un cancer » mais bien « quel cancer vais-je donc choper ? »

12 réflexions sur “Un certain art de vivre

  1. A mon avis, la question n’est pas seulement celle qu etu soulèves (« vivions-nous mieux qd on ne savaitpas? »). N’y-a-t’il pas maintenant, avec nos systèmes de merde (hypermarchés principalement) beaucoup plus de saloperies qd même? Avant, tu chopais ton cancer à toi, avec TES clopes, TA boisson. Maintenant, c’est ce que t’impose l’extérieur (mal-bouffe, ondes…) qui te le refile. C’est qd même différent non?

  2. Avant on se servait notoirement de matières cancérigènes partout (études sur l’amiante début du XXème)
    Tchernobyl, les essais nucléaires
    Les accidents de la route, c’était l’hécatombe.
    Les guerres mondiales.
    La fièvre jaune.
    On crevait de maladies qui sont bénines aujourd’hui.

    Pas de sécu.

    Bref, struggle for life !

  3. Moué…enfin par exemple si je prends mes grands-parents, quand ils étaient sages ils avaient des oranges à Noel, donc forcément ils bouffaient pas des cochonneries à longueur de journée…pi pour se déplacer c’était beaucoup à pied et à vélo…donc forcément on avait pas besoin de leur dire de manger moins gras et de faire de l’exercice…

    Ensuite pour l’alcool, même si ça déplait je trouve pas ça normal de se murger plusieurs fois par semaine et je pense pas que avant on trouvait ça normal non plus…faut dire si je prends ma famille, quand ils étaient jeunes en gros c’était une sortie par semaine, mes grands-parents pour aller au bal (à vélo), mes parents au dancing…donc bon forcément c’était moins d’occasions de se murger…

    En fait je pense surtout que c’est l’offre qui s’est développé.

    Sinon moi je te parlerai pas du cancer que t’attraperais, c’est surtout moi que ça ferait chier car je sortirai de là avec un mal de gorge…perso si les gens conduisent pas après avoir bu et s’ils fument pas sur des enfants ou sur moi, m’en fous c’est leur problème…

    Pour ta question, ne serait-on pas plus heureux si on savait pas? Etant très attachée à la responsabilité individuelle je préfère savoir et faire mes choix…

  4. Hum pour moi la question n’est pas: »n’a t on pas le droit de suicider à petit feu ? » mais plutôt « Accepte on que la société ne finance pas notre suicide à petit feu? ».

    J’entends par là que si on voit de plus en plus de prévention à tout bout de champs, c’est surtout parcequ’on a des statistiques qui nous disent que toutes les conneries que l’on fait par décision personnelles sont assumable par la société parceque les cancers, mutations et autres salopries, c’est la société qui va les financer pour nous guérir…

    Puis y’a aussi le fait que nos conneries n’impactent pas que nous la cigarette engendre des dommages collatérales car on les fume rarement en solo (je parle en général), le cancer du à l’excès d’alcool sera supporté en partie par la sécu si je ne m’abuse etc…

    Et enfin, la conscience collective a tellement évolué que la faillite d’une personne est ressentie par la société comme un echec de sa part…

  5. Y’a certains médias qui hésiteraient à diffuser la menace d’un météore percutant la Terre… on m’avait posé la question, lors de mon entretien d’entrée en école de journalisme, si je diffuserai cette nouvelle! Mon avis est de ne pas trop en dire, sinon, effet de foule, panique, etc. et si finalement les scientifiques se sont plantés, b’en on n’est pas dans la merde…
    Car oui, un scientifique, et même une armée de scientifiques, b’en ça peut se planter.

    au fait, t’as oublié d’évoquer Tchernobyl dans ton papier…;) ! Ca, on n’en parle pas, mais par contre, on devrait un peu plus! C’est nous qui allons commencer à faire des gosses issus de la génération des enfants de Tchernobyl (c’est vrai que les Français ne risquent rien, le nuage s’est brutalement arrêté à la frontière Franco-Suisse…)

  6. J’ai fais un classement des cancers que je vais sans doute me choper. Je trouve que les campagnes de santé publique ont permis de faire beaucoup de progrès moins de morts inutiles. Vive le progrès.

    Cependant j’ai beaucoup de doute quand je vois certains medecins passer à la télé faire de la prévention. Je sais que beaucoup d’entre eux ont des ménages avec une ou plusieurs parties de l’industrie agroalimentaire. Quand un nutrioniste parle des matières grasses par exemple je trouverai bien qu’il déclare si il tire des revenues ou si ses études sont financé par une filliale de l’agro alimentaire.

  7. je crois qu’on accorde tout simplement plus de valeur à chaque vie humaine aujourd’hui, juste parce qu’on n’envoit pas toute une génération se massacrer joyeusement tous les 20, 30 ans, que la medecine sauve de la plupart des épidémies… Bref c’est le contre-coup, chaque risque est évalué, prévenu et consommations et communications de masses font le reste. Dans le monde occidental au sens large, en tout cas.
    Je pense que si on remonte aux temps des cavernes, on ne pensait pas que la course à dos de mammouths était dangereuse jusqu’à ce que Grugoulrakh se mange méchamment un rocher.

  8. En plus, il paraît que d’avaler plus de 6 spermes différents (dans une vie, pas en même temps !) provoquerait un cancer de la gorge.

    ===== > Merde, je croyais que je ne risquais ma gorge qu’a cause de la clope !

  9. Je ne crois pas qu’il faut dramatiser, il faut juste prendre du recul par rapport aux choses qu’on te dit. Le film sur mac do (je me souviens plus du nom), la morale c’est pas macdo c’est de la merde, mais plutot la mal bouffe a haute dose provoque de la merde à ton corps. Si un mec fait la meme chose dans un resto alsacien, il prendrai 15kg en un mois et aurait aussi des problemes cardiaques également du à l’eexces de gras (j’aurais pu prendre d’autre cuisine bien sur). Il faut juste retenir à faire attention. Si tu fumes, c TON choix, mais pas celui des autres, donc tu fais en sorte de ne pas affecter les autres. Si tu bois, tu prends pas le volant bourré avec un un ami, tu conduit seul. De toute façon, faudra bien crever un jour. Alors bon, je prefere faire attention à ma consommation de tout ce qui nuit à mon corps mais profiter de ma vie à ma façon, comme ça si un connard bourré m’écrase, j’aurai pas à regretter de ne pas avoir profiter!!

    Je suis tout de meme d’accord avec toi que le matraquage d’informations préventives tue la prévention, mais d’un autre coté, des jeunes baisent encore sans capote, conduisent bourré (comme les vieux d’ailleurs) et s’explosent la tete à coup de bedos (paye ta paranoia apres et tes crises de folie dues a l’exces) Et bouffent de la mal-bouffe en permanence. C’est un sujet récurrent.

    Profite de la vie à ta façon, fume, boit, mange et baise, c’est le meilleur de la vie en fin de compte, mais attention à l’exces, c tout!! Vaut mieux mourir de la connerie des autres que de la sienne.

  10. « Si tu bois, tu prends pas le volant bourré avec un un ami, tu conduit seul. »

    euh pas conduire tout court tu veux dire j’espere? tué son pote à cause de son ivresse est plus grave que d’etre seul et tuer le passant ou les passagers de la voiture d’en face?

    « Vaut mieux mourir de la conneries des autres que de la sienne »

    j’aurai di plutot l’inverse, si on meurt à cause de SA connerie sans emporter les autres avec soi, on l’aura mérité alors que le bourré qui vient fauché le gamin ou le pere de famille qui a rien fait (et le bourér s’en sortira probablement en vie) je trouve ça inexcusable…

    Pour revenir au sujet, +1 avec Floudud, n’est il pas de la responsabilité de la presse de diffuser ou non les infos plus ou moins alarmiste? puis la population est peut etre aussi demandeuse de ce type d’info, on a l’impression que nos scientifiques bossent et nous protege :p

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