La malédiction du mobile

Lecteur, si tu me suis depuis longtemps, tu le sais, je n’aime pas le téléphone, je le déteste, je l’abhorre. Appeler ma maman, c’est sympa, appeler mes exs qui vivent loin pour
leur souhaiter leur anniversaire ou prendre quelques news, c’est sympa aussi mais point trop n’en faut. On en parlait avec Summer, quand on nous appelle, on n’est pas à fond dans la conversation
car on n’est pas physiquement avec l’autre personne et on a vite fait d’être distraits.

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Avant, il y avait le téléphone fixe, le truc qu’on pouvait laisser sonner en faisant semblant de ne pas être là. Parce que je suis pas toujours chez moi. Ou alors, j’étais sous la
douche et j’ai pas entendu. Alors qu’en vrai, j’avais pas envie de parler à quelqu’un à travers une machine. Alors que le mobile, c’est un nouveau boulet à mon pied. Quand je ne prends pas un
appel, je dois trouver une excuse. Parfois vraie, parfois, j’avais juste pas envie de papoter au téléphone parce que je n’aime pas ça. Mais voilà, il n’est pas normal que je ne réponde pas si le
téléphone est allumé. Comme si j’avais prévu qu’on allait m’appeler ce soir là où j’ai envie de faire l’autiste. Surtout que le téléphone et moi, comme ça fait deux, j’y pense pas, à lui. Non,
j’ai pas envie d’être joignable tout le temps, j’ai pas envie de devoir me justifier parce que j’ai pas répondu, expliqué que « oui mais je l’avais laissé en silencieux, je l’avais pas
entendu » ou « je l’avais oublié chez moi ». Ce qui est vrai parfois, d’ailleurs. Mais bon, c’est pas parce que je fais rien de particulier que je suis forcément disponible, na. Si
je veux papoter, je prends rendez-vous avec la personne comme ça, on est face à face, j’ai bloqué mon temps exprès, je suis 100% disponible. Et puis le répondeur, c’est pas fait pour les chiens,
si y a quelque chose à me dire, laissons un message. Ah oui, c’est vrai, je les écoute pas. Mais moi, j’aime les gens qui m’envoient un texto pour me demander s’ils peuvent m’appeler, comme ça,
au moins, je peux décliner.

 

Mais surtout, le mobile fait entrer la vie privée dans la sphère publique. Combien de fois vous avez assisté malgré vous à une conversation qui ne vous regardait pas entre une
personne que vous ne connaissez pas et le détenteur du mobile ? Parce que dans le métro, y a du bruit donc forcément, les gens crient. Alors voilà, je suis ravie de savoir que la blonde
assise en face de moi dans le métro a passé la nuit avec chéri-chéri qui est trop craquant, mignon, adorable, super, trop cool, qu’elle est trop in looooooooooooove et qu’en plus, chéri chéri,
c’est du Dieu au pieu, waaaah ! A la limite, vous croyez que je peux demander le numéro de chéri chéri au cas où ça ne dure pas entre eux ? Il y a des gens qui pestent contre ces
conversations imposées, j’ai déjà vu un mec emmerder une nana qui était au téléphone en faisant genre « ah oui ? Non c’est pas possible ? Ben ça alors ! ». Moi aussi, je
n’aime pas ça mais vu qu’il m’est déjà arrivé de téléphoner dans le train avec ma maman, je dis rien. Bon, j’essaie de parler le plus bas possible car même si à ma maman, je lui raconte rien de
cochon (heureusement !), c’est pas une raison pour imposer notre conversation à tout le monde.

 

Par ailleurs, si notre vie privée envahit la sphère publique, l’inverse est vraie. On vous appelle, immanquablement, si l’autre entend les bruits de rue, c’est du « t’es
où ? ». Je t’en pose des questions moi ? Je suis dans la rue, ça te suffit comme indication. Tu veux pas que je te dise combien de fois je suis allée aux toilettes, aussi ? Du
coup, difficile de mentir. On peut pas dire qu’on est coincée chez soi si on est pas dans un environnement calme. A l’inverse, on peut pas dire « je suis dans le métro, j’arrive » alors
qu’on est pas encore parti de chez soi parce que le métro, ça s’entend vachement au téléphone. Des fois, je regrette l’époque où on ne captait pas dans le métro, c’était plus calme. Ca m’évitait
d’entendre les aventure de Blonde et chéri chéri, les problèmes de boulot de cadre fatigué, les gens qui hurlent car ils entendent pas ce qu’on leur dit (alors que nous, on entend très bien
notre réponse). Surtout que dans le métro, on peut pas sortir dans le couloir pour appeler tranquille comme dans les trains (même si tout le monde ne le fait pas dans le train). Le pire, c’est
que maintenant, les numéros de portables sont utilisés pour des enquêtes. Par exemple, premier jour de travail chez TGGP, mon téléphone sonne « privé ». Allo ? Bonjour, c’est pour
une enquête. Non mais j’ai pas le temps. Ca prend 5 minutes… Non mais je suis au travail, là. Oui à 11h du matin, en semaine, je suis au travail. Alors que s’ils appelaient chez moi à la même
heure, je répondrais pas puisque je suis pas là !

 

Bref, quand je dis que le téléphone, surtout portable, est une plaie, y a des jours où je me dis que, vraiment, j’ai raison.

14 réflexions sur “La malédiction du mobile

  1. Pour les enquêtes par téléphone, et en particulier sur portable, si vous êtes pressés, surtout dites non – mais gentilment hein, c’est l’enquête de l’ARCEP et elle dure au moins 40 minutes avec des questions à la con sur votre opérateur. (De rien, ça me fait plaisir de donner des tuyaux sur les sondages).

    Je m’apperçois que moi aussi j’aime de moins en moins le téléphone, ce mois ci je vais avoir un report de 1h30, alors que j’ai un forfait 2h. Traduction : je m’en sers peu. Mais quand même, ça me rend triste quand il ne sonne pas.

    Suis toute en paradoxes faut croire.

  2. Moi aussi il m’arrive de ne pas décrocher. Genre vendredi, mes parents appellent sur le fixe à 20h30 pétantes, comme d’hab tous les deux jours (super relou la planification des appels) et je ne décroche pas. Marre. Je sors du boulot à 19h, je suis allée faire des courses, retour chez moi à 20h, fallait que je bouffe, que je prépare ma gamelle pour le lendemain et j’avais envie de vite me poser devant NCIS. Le téléphone ça m’emmerde parce que les gens appellent en début de soirée, eux ils ont souvent eu le temps de se poser, de bouffer…alors que moi je débarque juste.
    Et puis j’y passe ma journée, au téléphone, au boulot.
    Et comme So long, j’ai un forfait portable 6h et il n’est pas rare que le report soit de…6h…(un vieux forfait Ola étudiant qui me coûte le même prix qu’un forfait 2h aujourd’hui, donc je le garde)
    Par contre, si j’oublie mon portable en partant de chez moi, c’est la crise d’angoisse assurée. Va comprendre….

  3. moi j’oublie souvent mon portable dans une pièce ou alors j’oublie de remettre la sonnerie ou le vibreur, bref suis loin d’être fiable pour les relations téléphoniques, ça doit être pour ça que personne m’appele ahah.

  4. Le best of du « t’es où? » entendu dans le RER, 30 secondes après le départ de Paris: « Là je suis à Bordeaux, je rentre demain » Ce jour là, j’ai appris que la fin de ma ligne de RER était… Bordeaux.

    Sinon, pas trop d’accord sur le portable. le mien est toujours en silencieux quand je suis au boulot, et je râle contre mes collègues dont le téléphone sonne à longueur de journée avec des pouffrings de première, et le soir, il reste en vibreur. De toute façon je crois que tout le monde est maintenant habitué à mon silence radio. Mais au moins, je n’ai pas la question « Tiens, t’es pas chez toi, j’ai appelé sur le fixe » Grrrr

  5. Eh bah je voudrais pas dire, mais hier, je regardais un columbo (oui, je regarde columbo, et j’addooore , et même que je regarde columbo bien au chaud dans ma robe de chambre-voire bouillotte à l’appui- avec une tisane, non mais) et il se trouve que le vilain tueur, qui n’était autre que le capitaine Kirk qui avait pris un sacré coup de vieux, a été à la fin découvert et confondu à cause de son téléphone portable!! (et oui, ça existait déja à l’époque, mais ça s’apparentait davantage à une machine à laver niveau format qu’à nos portables actuels…) Comme, quoi, ça peut être traitre à plus d’un titre. Trop fort, columbo.

  6. Le type (z’avez remarqué c’est toujours des types) qui braille dans son portable et en fait profiter tout le monde, c’est amha LA plaie de la vie en société aujourdh’hui, celle qui symbolise l’individualisme forcené et mal élevé.

    Avant le luxe était d’être joignable partout… maintenant c’est de ne plus l’être. Les choses changent vite.

    J’aime bcp le mal que les opérateurs se donnent pour essayer de faire gonfler nos factures : télé, internet, musique etc. Je prends un malin plaisir à ne pas les utiliser.

  7. J’aime mon téléphone portable !
    Il ne me quitte que très rarement, et lorsque je n’ai pas envie de répondre je ne décroche pas. L’excuse ? Parfois il n’y en a pas, je n’avais pas envie c’est tout, comme pour un fixe. J’évite les conversations privées et longues en public, c’est la moindre des choses pour l’environnement qui m’entoure. Les numéros privés sont de + en + rare comparés au fixe, alors souvent c’est encore plus simple de ne pas répondre.

  8. Moi j’avoue ne pas avoir de scrupules. Quand je n’ai pas envie de repondre, je ne repond pas, sans meme chercher a m’en excuser. Apres tout, si c’est important ca rappellera, et sinon, je rappelerai quand je serai plus disponible.

    En plus ca me rappelle un excellent article d’Umberto Eco qui demontrai qu’en realite, les gens qui sont accro a leur telephone portable demontrent par elur leur statue « d’esclave », disponible al’infini.

  9. « Alors que s’ils appelaient chez moi à la même heure, je répondrais pas puisque je suis pas là ! » –> Moi je suis là souvent vu que je suis à la fac mais je ne réponds pas quand même quand je connais pas le numéro qui s’affiche sur le fixe. Et puis, je n’ai pas de compte à r’endre puisque je suis pas sensée être chez moi! C’est vraiment pratique les fixes, c’est vrai!

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