Episode 19

« Quel crétin, ce Bill ! »
Bryan se retourna et vit sa maîtresse dans une robe moulante époustouflante, mettant en valeur sa silhouette irréprochable. Elle s’avança vers lui mais ne prit pas la peine de l’embrasser.
« Qu’est ce qu’il se passe ?
– Tu n’as pas entendu la nouvelle ?
– A propos des fiançailles ? Il faudrait être sourd et aveugle pour ne pas être au courant. En quoi ça fait de lui un crétin ?
– Cette idée est de moi et je n’ai eu qu’à lui faire les yeux doux pour qu’il accepte.
– Je ne vois pas pourquoi tu as voulu organiser cette fête, ce n’est pas vraiment ton genre, les mondanités.
– C’est très simple : les rebelles vont profiter de cette soirée pour faire un coup d’éclat, certainement, et c’est l’occasion rêvée de démasquer leur chef.
– Oceany ?
– Exactement : le soir de ses fiançailles, la pauvre chérie sera découverte et nous l’exécuterons.
– C’est pas un peu sévère ?
– Elle m’a défiée, elle est donc devenue mon ennemie et je ne fais aucun cadeau à mes ennemis. Souviens-toi de ça, Bryan, on ne sait jamais.
– Tu me considères comme un ennemi ?
– Non, pas pour le moment, mais l’ambition a vite fait d’éliminer les bons sentiments. »
Elle se pencha vers lui et l’embrassa fougueusement, puis elle éloigna son visage de quelques millimètres et murmura :
« Trahis-moi et je n’hésiterai pas à faire sauter ta jolie petite gueule ,OK ? »

Chapitre 13

Kirstie observait Oceany qui était en train de trafiquer une arme quand Ethan posa une main sur son épaule, ce qui la fit sursauter.
« Vous êtes au courant, n’est ce pas ?
– Au courant de quoi ?
– Des fiançailles de Mark et d’Oceany qui auront lieu dans deux jours.
– Oui.
– Vous lui avez parlé de ce que vous a fait subir Mark ?
– Non, et vous ?
– Non. Vous devriez le faire.
– Je ne vois pas pourquoi.
– Parce qu’il pourrait la violer, elle aussi et qu’on ne peut pas le laisser faire.
– Si vous l’aimez tant que ça, vous n’avez qu’à lui dire, moi, je n’en ferai rien.
– Pourquoi ?
– Parce que c’est humiliant, d’une part, et aussi parce qu’elle le mérite, au fond.
– Pardon ?
– Son père a tué toute ma famille, ma seule vengeance sera de savoir que sa fille se fait violer par son mari.
– Mais Kirstie…
– J’en ai assez, tout le monde, ici, me dit toujours ce que je dois dire et ce que je dois faire. Mais foutez-moi la paix ! Vous dites que vous vous battez au nom de la liberté, alors commencez par
me laisser agir comme il me plaît. »
Elle partit à l’autre bout de l’entrepôt et n’accorda plus la moindre attention au jeune homme ; Il allait devoir tout avouer à Oceany et il avait peur de sa réaction. Elle semblait assez sauvage
avec lui, il ne savait pas exactement pourquoi. Ca devait avoir un rapport avec le baiser qu’il lui avait donné l’autre soir. Il devait admettre qu’il n’avait pas été particulièrement galant, mais
il en avait eu subitement envie et il ne s’était pas gêné. Comment allait-elle réagir ? Avec de la chance, elle lui serait reconnaissante et…
« Elle a un sacré caractère, hein ? »
Il tourna la tête et vit Mai à ses côtés, qui regardait en direction de Kirstie. A présent, il regrettait de l’avoir traité de salope la première fois qu’il l’avait vue et comprenait pourquoi
Oceany était farouchement antiraciste, elle avait raison : c’était stupide de juger les gens en fonction de leur nationalité.
« Je me demande si elle va épouser notre cause, un jour ? répondit-il.
– Oui, évidemment.
– Vous avez l’air bien sûre de vous.
– J’étais comme elle, au départ, je me demandais pourquoi ces Américains m’avaient sortie de ma cage, je pensais qu’il y avait quelque chose de louche, là-dessous, mais j’ai compris que ce n’était
pas le cas et Kirstie va réagir de la même façon, tôt ou tard, ne vous en faites pas.
– Je voudrais vous demander autre chose.
– Bien sûr, quoi ?
– Voilà, je…j’ai appris quelque chose sur Mark d’assez…inquiétant et je ne sais pas si je dois en parler à Oceany ou pas.
– De quoi s’agit-il ?
– Et bien, Kirstie m’a avoué que…Mark avait abusé d’elle plusieurs fois et j’ai peur qu’il s’en prenne à Oceany.
– Oh Seigneur ! Je ne pense pas qu’Oceany soit réellement menacée, elle fait partie de l’élite et on la croirait si elle se plaignait, ce qui n’était pas le cas avec Kirstie. Mais elle doit quand
même se méfier.
– Je dois donc lui dire.
– Je ne crois pas.
– Mais vous venez de dire qu’elle doit se méfier !
– Si elle le sait, elle risque de changer de comportement vis à vis de lui, ce qui pourrait peut-être lui mettre la puce à l’oreille et on ne doit pas se trahir. Si elle se fait coincer, elle est
morte.
– Et si elle se fait violer, comment elle va réagir, d’après vous ? Elle va sauter de joie dans tous les sens ? Elle est en danger
– Vous exagérez.
– Je ne le pense pas, non. D’ailleurs, j’ai pris ma décision, je vais tout lui dire.
– Vous aviez déjà pris votre décision avant de m’en parler, à quoi ça rime tout ça ? Si vous vouliez mon consentement pour avoir la conscience tranquille, je suis désolée mais vous avez fait fausse
route.
– Je veux la protéger.
– Je ne suis pas certaine que ce soit la vraie raison. Vous voulez juste la séparer de Mark.
– Pas du tout, je veux juste qu’elle sache la vérité ! Quel intérêt j’aurais à la séparer de lui ?
– Posez-vous d’abord la question à vous-même. »
Il la dévisagea, interloqué : qu’est ce qu’elle voulait dire par là ? Il allait rétorquer quand Oceany les rejoignit et il n’osa pas continuer. Il préférait lui parler de tout ça en privé, ça ne
regardait pas les autres. Les deux jeunes femmes parlèrent un instant mais il ne les écouta pas, absorbé par ses pensées : pourquoi Mai-Li pensait-elle qu’il avait un motif différent de celui qu’il
avait invoqué ? Il aimait beaucoup Oceany et il ne voulait pas qu’il lui arrive des bricoles.
« Bon, il est tard, je crois que nous devrions rentrer, Ethan. Je vais voir qui peut nous ramener.
– Et si nous rentrions à pieds ?
– Vous avez envie de vous faire agresser à nouveau ?
– Non, j’ai envie de prendre l’air et on va pas se faire agresser, je le sens. Vous pouvez vous fier à mon sixième sens.
– D’accord, je vous fais confiance, mais je me demande si c’est une bonne idée. Bon, je préviens les autres et on y va. »
Elle se rendit vers un petit groupe de rebelle et discuta un instant avec eux, mais Ethan n’était pas vraiment pressé et il espéra que la conversation allait durer. Il commençait à douter :
devait-il vraiment tout lui dire ? Oui, évidemment, c’était trop grave pour qu’elle ne soit pas au courant. Elle était directement menacée dans cette histoire et il ne voulait surtout pas qu’elle
soit violée alors qu’il avait les moyens d’empêcher ça. Malheureusement pour lui, Oceany ne s’attarda pas et vint le retrouver, souriante. Apparemment, elle allait beaucoup mieux, elle semblait
sûre de vouloir continuer à se battre avec eux.
Ils sortirent du hangar et marchèrent en silence d’un pas alerte. Il cherchait comment lui annoncer ce qu’il savait, mais il avait du mal à démarrer : ce n’était pas une nouvelle anodine, c’était
tout de même très important. Quand ils arrivèrent dans les derniers étages, il ne lui avait toujours rien dit et il commença à paniquer : ils allaient bientôt arriver chez eux et elle allait se
coucher sans savoir. Ils étaient en train de traverser le parc Hart, qui portait le nom d’un des concepteurs de la ville mort avant la fin des travaux, quand il s’arrêta brutalement de marcher.
Oceany se retourna et le regarda, surprise.
« Ca va Ethan ? Qu’est-ce qu’il vous prend ?
– Je…et bien, j’ai quelque chose à vous dire.
– A quel propos ?
– A propos de…de Mark.
– Je vous écoute.
– Kirstie m’a dit que…qu’il avait profité d’elle à de nombreuses reprises, voilà. Je n’ai pas envie qu’il vous arrive la même chose. Ce type est un salopard, vous ne devez pas lui faire
confiance.
– Pourquoi Kirstie ne m’a rien dit ?
– Elle ne voulait pas, parce que vous êtes…
– La fille d’Hank, je sais. Pourquoi vous me dites ça ?
– Pour vous protéger, évidemment.
– Je peux très bien me protéger toute seule et je ne crois pas que Mark soit un violeur. Parce que si c’était le cas, il n’aurait pas été si patient avec moi quand je lui ai dit que je ne voulais
pas coucher avec lui.
– Vous ne me croyez pas ?
– Non, en effet.
– Mais pourquoi je vous mentirais sur Mark je n’ai aucun intérêt dans cette histoire. »
Elle ne lui répondit pas, perdue dans ses pensées. A ce moment-là, l’arrosage automatique démarra commençant à les arroser ; Oceany se mit alors en marche et allait le laisser là quand il lui
attrapa le bras et la força à s’arrêter.
« Bon sang, Ethan, on va être complètement trempés ! Lâchez-moi.
– Vous ne m’avez pas répondu, je veux savoir pourquoi, d’après vous, je cherche à vous séparer de Mark.
– Parce que…parce que…je n’attendais que ça.
– Quoi ?
– Je ne veux pas épouser Mark, mais je n’ose pas me l’avouer parce que je ne veux pas décevoir ma mère, elle est malade et je voulais que quelqu’un me dise que Mark n’était pas pour moi, quelqu’un
qui me comprenait. Pour la première fois depuis longtemps, j’ai l’impression d’être avec quelqu’un qui me ressemble et que…
– Que ?
– Rien. »
Il la regarda, interloqué : qu’est-ce qu’elle voulait dire ? Il se rendait compte qu’il n’arrivait pas à lire en elle, elle ne cessait de souffler le chaud et le froid. Il ne la connaissait pas si
bien que ça, en fin de compte, elle était une inconnue, pour lui, une inconnue qu’il avait soudain très envie de mieux connaître.
« Bon, allons-y maintenant, il est tard.»
Elle fit un pas en avant mais il la retint par le bras et l’attira vers lui avant de l’embrasser tendrement, la serrant fort contre lui. Elle fut tout d’abord surprise par sa réaction et elle se
demanda un temps comment réagir. Mettre fin à ce baiser et lui coller une gifle amplement mérité ou se laisser faire ? Mais ce baiser la faisait frissonner et, pour la première fois, elle oublia
pendant un instant les atrocités de la guerre qui avaient été son quotidien pendant des années, puis l’horreur beaucoup moins flagrante, mais omniprésente de Technopolis.
Elle se mit soudain à frissonner et Ethan s’éloigna légèrement d’elle.
« Ne restons pas ici, nous sommes complètement trempés et nous pourrions attraper froid, malgré la douceur de la température.
– Oui, je crois que c’est mieux.
– Allons chez moi, c’est plus près.
– Je ne sais pas si c’est une bonne idée, je…
– Je proposais d’aller chez moi pour qu’on puisse se sécher.
– Oh ! Dans ce cas, allons-y. »
Il sourit puis partit tranquillement en direction de son appartement. Elle lui emboîta le pas même si elle avait un peu peur. Hormis quelques rares flirts qui n’avaient pas été plus loin que le
baiser, elle n’avait jamais eu d’hommes dans sa vie et si Ethan avait d’autres idées en tête, elle risquait de ne pas être à la hauteur. Car même si elle n’était pas une spécialiste des rapports
homme/femme, elle se doutait qu’un homme ramenait rarement une jeune femme chez lui sans avoir d’arrière-pensées. Et pourtant, elle le suivit.
Ils arrivèrent rapidement à l’appartement du jeune homme, qu’elle connaissait déjà, et pourtant, il lui semblait différent, plus froid, plus menaçant, aussi. Il l’invita à s’asseoir sur le canapé,
tandis qu’il allait chercher deux serviettes dans la salle de bain, ce qu’elle fit sans discuter, de plus en plus mal à l’aise. Pour se calmer un peu elle tenta d’évacuer son stress en triturant un
coussin, mais ça n’eut aucun effet.
« Ca va pas ? lui demanda Ethan en lui tendant une serviette.
– Oh, si…c’est juste que…non, rien. »
Elle commença à passer la serviette dans ses cheveux pour les sécher, ce qui provoqua une brusque montée de désir chez son compagnon, complètement déboussolé par ce qui était en train de lui
arriver. Il n’avait pas réalisé qu’il était tombé amoureux d’elle dès leur première rencontre dans le parc mais il ne savait pas trop ce qu’elle ressentait. Il avait, à présent, une envie folle de
l’embrasser, de la caresser, de la déshabiller… mais elle ne semblait pas très à l’aise. C’était peut-être dû à leur différence d’âge ou au fait qu’il soit déjà fiancé. Mais ce n’étaient que
quelques détails sans importance, il ne fallait pas tout arrêter à cause de ça, il voulait tellement aller plus loin avec elle… Il s’approcha doucement de la jeune femme et lui donna un baiser
langoureux qu’elle lui rendit avec plaisir, mais quand il commença à glisser sa main vers ses fesses, elle le repoussa et quitta le canapé.
« Il est tard, je dois rentrer. Ma mère va s’inquiéter.
– Elle ne sait même pas que tu n’es plus dans ton lit. Tu sors en cachette, souviens-toi.
– Oui, mais…si elle avait besoin de moi ?
– Elle est avec son mari, je te rappelle. C’est quoi, le problème ?
– Il n’y a pas de problème.
– Tu en es sûre ? Tu n’as pas du tout l’air à l’aise, avec moi. C’est à cause de Neve ?
– Non…euh…si ! C’est pas correct de la tromper alors que tu es fiancé avec elle, ce n’est pas correct du tout.
– Pourquoi j’ai l’impression que tu me mens ?
– Parce que…écoute, Ethan, j’ai peur, voilà.
– Peur ? Mais il ne faut pas, l’amour, c’est ce qu’il y a de plus beau, laisse-toi aller pour une fois, tu ne peux pas avoir le contrôle sur tout. Etre amoureux, c’est la plus belle chose qui
puisse arriver à une personne, il ne faut pas en avoir peur.
– Je n’ai pas peur d’être amoureuse, j’ai peur de…de l’acte en lui-même.
– Pardon ?
– Je…je suis encore vierge, voilà !
– Oh ! »
Il s’était attendu à tout sauf à ça, mais à bien y réfléchir, ce n’était pas si étonnant. Elle n’avait jamais dû avoir beaucoup de temps pour avoir une vraie relation avec un homme, et puis elle
était quand même assez jeune, plus que lui, mais curieusement, cette nouvelle donnée ne changea absolument rien. Il la désirait toujours et peut-être même plus qu’avant. Elle lui avait fait
découvrir beaucoup de choses depuis qu’il la connaissait, elle lui avait fait voir le monde différemment et il voulait lui faire connaître de nouvelles expériences à son tour. Il se leva, se
rapprocha d’elle et lui caressa la joue.
« Ce n’est pas un problème.
– Pour toi, non, mais pour moi, ça en est un, je ne sais pas…
– Chut. Ne t’inquiète pas, je vais te faire découvrir de nouvelles sensations, n’aies pas peur. Ca n’a jamais tué personne.
– Je crois que…
– Chut. »
Il l’embrassa furtivement sur les lèvres, puis lui prit la main pour l’entraîner vers sa chambre. Il s’assit sur le lit et attira Oceany vers lui. Elle s’assit prudemment sur le bout du lit,
toujours aussi mal à l’aise, mais il déploya des trésors de douceur et de tendresse pour la décoincer et elle fut plus réceptive que ce qu’il avait cru, répondant à chacun de ses baisers et de ses
caresses. Elle commença à oublier sa crainte. Elle ressentait une étrange chaleur dans son ventre, son souffle se faisait de plus en plus court. Elle ne protesta pas quand il fit glisser sa
fermeture éclair et qu’il lui enleva doucement sa combinaison, ce qui lui permit de découvrir sa peau, incroyablement blanche et douce. Ses doigts parcourirent lentement son corps, la faisant
frémir de plus en plus. Désormais, elle n’avait plus peur, bien au contraire. Elle crevait d’envie d’aller plus loin.

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5 réflexions sur “Episode 19

  1. Et voilà, je lâche mon ordinateur deux petites minutes… oui, bon, OK, deux heures, pour aller apéritiver, et je me fais griller mon 3è preum’s en trois jours… :'(….

    Ca devient « hot » là…

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