Episode 17

Bill ne put s’empêcher de sourire en regardant sa chère ville. Il était le maître absolu, il les menait tous par le bout du nez et aucun d’entre eux ne s’en rendaient compte, trop occupés à
commander de beaux produits sur leur ordinateur ou à admirer les merveilles architecturales qu’il leur offrait. Mais il y avait une ombre au tableau, un détail insignifiant qui le rendait fou : les
rebelles. Il devait les éliminer à tout prix, mais comment ? Il ne savait pas où les trouver et la police était totalement incompétente. Mais s’il en attrapait un, il montrerait à tous qu’il ne
fallait pas le provoquer, il ferait de ce rebelle un exemple . Tous ceux qui oseraient le braver le paierait de leur vie.
Il se leva et se posta devant son tableau de David. Personne ne savait qu’il s’agissait en réalité de l’original, qui avait résisté à la guerre, tout comme d’autres tableaux tels que la Joconde ou
le Radeau de la Méduse, ou certaines statues comme la Vénus de Milo qui étaient exposés dans ses bureaux qui ne servaient qu’à ça, de toute façon. Toutes ces merveilles pour son bonheur personnel,
personne d’autre que lui ne pouvait les contempler. C’était ça, aussi, le pouvoir : la foule ne pouvait pas approcher ses sublimes trésors, ils n’étaient qu’à lui. De toute façon, ils étaient
totalement inculte et se moquaient bien de l’art, Mark en était un parfait exemple. Incapable d’admirer les belles choses, il ne pensait qu’aux femmes et semblait très attiré par sa future fiancée.
Bill avait de l’affection pour Oceany, elle semblait plus sensible à l’art que les autres et ferait sans doute une bonne épouse pour Mark. Heureusement, elle n’avait pas hérité du caractère de son
père. Bill avait haï peu de personnes dans sa vie, mais Hank en faisait partie : il était d’une arrogance insupportable, traitant tous ses collaborateurs comme des bêtes, ne se préoccupant que de
son bien-être personnel, n’aimant que lui, ne voyant que lui. Le jour de sa mort, Bill n’avait pu s’empêcher de ressentir un sentiment de soulagement intense, même si on n’avait pas pu confirmer
son décès. Personne n’avait jamais trouvé son corps et les recherches pour le retrouver avaient vraiment été réduites au minimum, mais il s’en moquait bien. L’humanité était débarrassée de l’un de
ses déchets. Peut-être avait-on voulu le faire disparaître avec son inavouable et honteux secret…sa mort avait vraiment arrangé pas mal de monde. Peu importe qui l’avait supprimé, ça avait été une
bonne action en fin de compte. Le plus triste c’est que Hank pensait que Bill était son ami, mais un homme pouvait-il se réjouir de la mort d’un de ses amis ? Peut-être avait-il mal compris Hank,
mais peu importait, il s’en moquait bien, les vivants ne devaient pas perdre leur temps à pleurer les morts.
Il repartit à son bureau et se rassit, pour contempler sa ville dont il était le maître, le Roi. Quelle pensée grisante.

—–

Oceany leva les yeux et regarda l’enchevêtrement de voies de monorails qui l’empêchaient de voir le ciel. Mais elle n’était pas vraiment intéressée par ce qu’elle voyait, elle n’arrêtait pas de
penser à ce baiser dans le parc. Ca l’avait tellement surprise, elle ne s’était pas du tout attendue à un tel comportement de la part d’Ethan. Mais ce qui la gênait, c’était qu’elle ne savait pas
comment réagir. D’un côté, elle devait avouer qu’elle avait trouvé ce baiser agréable, mais de l’autre, elle était véritablement furieuse contre Ethan : il prenait beaucoup trop de libertés à son
goût et s’il ne rentrait pas dans les rangs, ils risquaient de rentrer en conflit.
Juan se posa à côté d’elle et leva à son tour la tête, cherchant ce qui pouvait fasciner la jeune femme, mais il n’y avait rien de particulier.

« Ca va ? demanda-t-il.

– Oh…euh…oui. Tu as pu parler à Maria ?

– J’ai essayé mais elle m’a envoyé promener, elle ne veut plus me voir. Elle se sent un peu trahie, mais ça passera.

– Tu sais aussi bien que moi que c’est faux. Elle nous en veut et, vu son caractère emporté, ça m’étonnerait qu’elle revienne avec nous comme si de rien n’était. Merde ! Comme si on avait besoin de
ça ! On doit déjà se battre avec le maire et ses sbires et voilà que nous avons un nouvel ennemi !

– T’as l’air énervée, qu’est ce que tu as ?

– C’est juste que…j’en ai assez des mecs !
– Pardon ?

– Non, mais c’est vrai : vous vous croyez toujours tout permis, vous m’embrassez sans me demander mon avis, comme si…comme si…bon sang, j’ai le droit de donner mon avis aussi, je suis un être
humain !

– Mais de quoi tu parles ?
– De rien laisse tomber.»

Il l’observa un instant, étonné par cette attitude : depuis qu’il la connaissait, il ne l’avait jamais vu s’énerver sur ses relations avec les hommes. Il savait que ça ne l’intéressait pas, pour le
moment : elle voulait se consacrer entièrement à sa mission, elle aurait le temps de se trouver un petit ami plus tard, alors que se passait-il ?

Oceany se força à lui sourire puis repartit à l’intérieur, pour mettre fin à cette conversation, d’une part, mais aussi parce qu’elle avait besoin de réfléchir. Elle n’ignorait pas l’attirance que
Juan avait pour elle et c’était maladroit de lui parler de Mark ou d’Ethan. Ceci étant, elle ne comprenait pas pourquoi ce baiser la perturbait autant, qu’est-ce que cela signifiait ? Elle marcha
sans regarder devant elle et se cogna à Kirstie, qui faillit tomber.

« Oh, excuse-moi ! Je ne t’avais pas vue. Ca va ?

– Ne vous en faites pas pour moi.

– Tu sais, on peut se tutoyer, ici.

– Je n’ai pas l’habitude de tutoyer des gens que je connais à peine.

– Tu avais l’habitude de vouvoyer ta famille ?

– Pas d’après mes souvenirs, mais j’étais petite quand ils sont tous morts.

– Maintenant, nous sommes ta famille.
– Je ne crois pas.

– Ecoute, je sais que tu as du mal à être de notre côté, mais…

– Je ne suis pas une Américaine et je n’ai pas envie de vous aider à régler vos problèmes.

– Je ne me considère pas moi-même comme une américaine, ça n’existe plus les Etats-Unis, maintenant. Il n’y a qu’opprimants et opprimés et si tu ne veux pas nous aider, rien ne te retient ici. Mais
si tu sors, tu seras vite rattrapée.

– Pourquoi je me joindrais à vous ?

– Je ne sais pas, ce n’est pas à moi de trouver tes motivations. Mais peut-être pour avoir ce que tu n’as jamais eu : la liberté.

– Moi, j’ai envie de venger mes parents.

– La guerre est finie depuis trop longtemps, laisse tomber. Tu ne pourras jamais les venger. Mais pense à ce que sera ta vie quand tu pourras sortir sans avoir peur de te faire rattraper, quand tu
pourras faire ce que tu veux sans obéir aux ordres de ton maître. Ca vaut le coup, non ?

– Je ne sais pas, je verrai. Ce qui me dérange, en fin de compte, c’est d’agir main dans la main avec la fille d’un meurtrier.
– Pardon ?

– Votre père, Hank Antelwort, c’est bien lui qui a crée ce sale virus qui a tué des millions et des millions d’êtres humains, non ? J’appelle ça un meurtrier, moi.

– Il n’avait pas le choix, il obéissait aux ordres et il a fait ça pour nous sauver.

– Pour vous sauver, je ne faisais pas partie du lot, moi. »

Oceany ne sut que répondre et laissa la jeune Noire partir. Elle n’avait jamais considéré son père comme un assassin, il avait dû obéir aux ordres et il n’avait pas que son virus allait se propager
ainsi à travers le monde. Il n’était pas coupable de toutes ces morts, il fallait plutôt incriminer ceux qui avaient commandé ce virus.

Ethan posa sa main sur son épaule, interrompant ainsi sa réflexion.

« Bon, et si on y allait ? Il commence à se faire tard et je n’ai pas envie de faire de mauvaises rencontres comme tout à l’heure.

– Vous avez besoin que je vous tienne la main pour que vous rentriez chez vous ? Vous connaissez le chemin, maintenant, non ?

– Ouah, quelle agressivité ! Une explication à ce comportement ?

– Vous n’êtes pas le chef, ici, alors, arrêter de vous conduire en tant que tel ! Je suis assez grande pour savoir quand je dois rentrer et vous n’aviez pas le droit de m’embrasser sans me le
demander avant !

– Vous avez eu l’air d’apprécier, pourtant.

– Oh, mais la question n’est pas là ! J’aimerais que vous soyez un peu plus respectueux envers moi, un point c’est tout !

– Quel tempérament ! Je suis impressionné.

– Oh la ferme ! Demandez à Myo de vous raccompagner en moto et fichez-moi la paix ! »

Il haussa les épaules et partit rejoindre le Chinois pour lui demander de le raccompagner. Apparemment, cette dispute ne l’affectait absolument pas, alors qu’elle était véritablement hors d’elle,
elle avait envie de lui coller une bonne paire de claques pour lui remettre les idées en place…Ca ne lui ressemblait absolument pas de s’emporter aussi facilement, elle avait sans doute besoin de
se reposer un peu, ça lui ferait le plus grand bien.
—–
« Tu sais à quoi j’ai pensé ? »

Bill leva le nez de son bouquin et regarda sa femme d’un air interrogateur : en général, elle ne le dérangeait jamais pendant qu’il lisait, elle en profitait pour s’endormir, ou plutôt faire
semblant, pour éviter d’accomplir son devoir conjugal. Mais ce soir-là, c’était différent, elle semblait surexcitée comme une gamine devant ses cadeaux de Noël.

« Non, je ne suis pas devin.

– Si on organisait un fête gigantesque pour les fiançailles de Mark ?

– On a le temps, rien n’est encore officiel.

– Non, on n’a pas de temps à perdre, on doit organiser quelque chose de merveilleux pour leur en mettre plein la vue à tous.
– Tu as de drôles d’idées, parfois.

– Non, pas tant que ça : les rebelles peuvent accéder aux sommets, n’est ce pas ? Tu crois qu’ils vont manquer une occasion pareille de faire du grabuge ?

– J’ai du mal à te suivre, là.

– Réfléchis : si tu étais un rebelle et que tu savais qu’une somptueuse fête était organisée dans la salle de réception de la ville, qu’est ce que tu ferais ?
– J’achèterais un costume.

– Je suis sérieuse, Bill ! Je m’arrangerais pour faire sauter cette salle et tous les gens importants qui s’y trouvent ! Donc, pour ça, j’installerais une bombe un peu avant, quand la salle est
sans surveillance et quand tout le monde est là, je déclenche le feu d’artifice !

– Oui, et ? Tu veux te suicider ou quoi ?

– Non, mais nous pourrons l’attraper avant qu’il ne fasse tout exploser en surveillant la salle intensivement et une fois qu’on en aura attrapé un, on procédera à une exécution publique, pour les
fiançailles de ton fils, pour montrer l’exemple aux autres. Et pour que tout le monde puisse profiter du spectacle, nous diffuserons ça sur écran géant à travers toute la ville, y compris en
bas.

– Ca en dissuadera plus d’un, c’est sûr…tu es diabolique.
– Non, géniale. »

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7 réflexions sur “Episode 17

  1. A une éxécution publique ?!!! La vache, mais c’est que ça devient gore ! Tu te spécialises dans le remake de Massacre à la tronçonneuse ?:d

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